Ateliers partagés : Nouvelles écritures sonores

Un podcast pour refaire le monde

Ateliers partagés : Nouvelles écritures sonores

À travers le podcast, mais aussi la création sonore spatialisée ou la musique électronique, le son est au cœur des pratiques à la Gaîté Lyrique. En éducation artistique et culturelle, il offre de nouvelles formes de narration, à travers des projets qui enseignent aussi bien la prise de parole, l’écoute que le travail collaboratif.

  • Après-demain
  • 50 voix
  • Moi en rêve
  • Avoir 15 ans en 2021
  • Cap' sur le Futur
  • Lutherie numérique
  • Dans la jungle lointaine

Après-demain

Toute l’année, la Gaîté Lyrique propose aux scolaires de faire l’expérience sensible de pratiques artistiques créées ou transformées par les nouvelles technologies. Parce qu’il offre une nouvelle forme de narration, et parce qu’il enseigne aussi bien la prise de parole que le travail collaboratif, le podcast s’est révélé être un formidable outil de création pour une soixantaine d’élèves du collège Lucie et Raymond Aubrac, à Paris.

Podcasteuse pour Arte et France Culture, la journaliste Claire Richard y a animé l’atelier “Après-demain” avec deux classes de sixième dans le cadre de leur cours de Français dispensé par la professeure Elsa Bernardo. Réalisée en partenariat avec la DASCO – Ville de Paris, cette résidence d’artiste s’est faite dans le cadre du programme “L’Art pour grandir” auquel participe la Gaîté Lyrique « Il s’agissait d’écrire puis d’enregistrer et de monter une fiction radiophonique autour du thème de la régénération, explique l’enseignante. » 

Les deux classes de sixième ont travaillé en parallèle, partageant un point de départ scénaristique commun. « L’idée, explique Claire Richard, c’était de dire qu’en 2050 la Terre est devenue inhabitable. Deux fictions racontant chacune une expédition ont alors été imaginées : une classe est partie chercher une autre planète, l’autre est revenue sur Terre mille ans plus tard. »

Les séances hebdomadaires ont été l’occasion de sensibiliser les élèves au format podcast, que certaines et certains ne connaissaient pas. « Nous avons commencé par en écouter quelques-uns, poursuit la podcasteuse. Puis nous avons abordé les spécificités de l’écriture radio : sa grammaire, puis l’importance des sons et de la musique. » Les élèves ont travaillé sur l’écriture d’un scénario en proposant des idées avec, comme objectif, de rédiger une histoire originale. « Une histoire de princesse sauvée par un prince, tout le monde connaît, résume Laëtitia après avoir enregistré le texte de son personnage. On a essayé d’inventer quelque chose de différent. »

Travail de groupe, intelligence collective : la réalisation d’un podcast fut pour les élèves une manière d’apprendre à travailler ensemble. Partagées, leurs propositions variées ont créé une trame narrative riche en idées cocasses (le vaisseau qui revient sur Terre utilise du jus de pomme comme carburant) et en créatures atypiques (poulpe intergalactique, rats radioactifs...). « Les élèves ont parfaitement conscience des enjeux de l’époque, que ce soit la pandémie ou le changement climatique, analyse leur enseignante. Mais ce ne sont pas ces thématiques qu’ils et elles ont eu envie d’explorer à travers ce travail. Le thème de la régénération [ndlr - thème de saison de la Gaîté Lyrique] les a plutôt guidés vers l’imaginaire et l’aventure. » 

Une fois le scénario finalisé, les élèves ont enregistré leurs textes en petit groupe, en veillant à respecter les consignes de Claire Richard. « Le micro est super sensible, il faut donc ne pas faire de bruit. Cela veut dire que, pendant l’enregistrement, il ne faut pas toucher sa feuille, ni bouger sur sa chaise. Quant à la lecture, il faut essayer de marquer les pauses et lire son texte plus lentement que dans la vie réelle… » Pour beaucoup, l’enregistrement fut l’exercice le plus plaisant, malgré la concentration requise. « C’est un moment sympa, témoigne Maëlys. Il faut se concentrer sur les dialogues, essayer d’articuler sans donner l’impression qu’on lit. Et comme on travaille en petit groupe, ce n’est pas trop intimidant. » Noah partage cet enthousiasme, trouvant dans la discipline des similitudes avec le théâtre. Elsa Bernardo y voit même des avantages supplémentaires. « Comme dans un atelier théâtre, le podcast fait travailler la pratique orale et la rigueur. Mais c’est moins anxiogène pour les élèves qui, à cet âge-là, ont parfois peur de se montrer. »

Nouvelle forme d’écriture, le podcast a aussi permis aux élèves de choisir des éléments sonores pour habiller la fiction. Les musiciennes et musiciens se sont portés volontaires pour enregistrer des extraits à la maison (guitare, piano, beatbox) quand d’autres se sont amusés à dénicher des extraits sonores sur Internet. Pour enrichir l’enregistrement, les élèves se sont également frottés à l’exercice de l’interview, allant interroger des passantes et passants sur la façon d’envisager notre civilisation si tout était à refaire. Des entretiens, enfin, ont été organisés dans le studio radio de la Gaîté Lyrique, pour inviter les élèves à s’exprimer sur ces enjeux et créer, ainsi, une matière sonore qui s’invitera dans la fiction.

Résultat de ces interventions réparties sur 60 heures d’atelier, les deux podcasts vont rejoindre le site de la Gaîté Lyrique. « Cet atelier, conclut Elsa Bernardo, a incité les élèves à s’écouter, à prendre en compte les idées de chacune et chacun, à faire des choix, à développer leur concentration. Il a permis de travailler la dimension orale et a sollicité l’écriture, ce qui correspond parfaitement au programme d’un cours de français... Et tout cela, sans avoir l’impression de travailler ! ».

Transversal, le projet a par ailleurs été l’occasion de croiser plusieurs disciplines (français, éducation civique, technologie) dans un même exercice. Ludique et riche à la fois, il a permis à la Gaîté Lyrique de poursuivre l’une de ses missions : faire comprendre aux adultes de demain, via des pédagogies informelles, que les dispositifs numériques sont aussi de formidables outils d’innovation et de création.

Artiste : Claire Richard
Professeure : Elsa Bernardo

50 voix

Pourquoi avoir fait des sources sonores un terrain d’exploration ? Pour mieux appréhender le monde grâce aux témoignages des adultes de demain !

Avec le soutien de la Direction des affaires scolaires (Dasco) et du programme “L’Art pour grandir”, les élèves des classes de 5ème et de 3ème du Collège Coysevox (Paris) ont choisi d’aborder les thèmes, que sont l’avenir, les violences, les injustices, l’amour, l’école ou encore l’histoire, avec un grand et un petit “h”. Cinquante voix de collégien.ne.s vous attendent, elles sont singulières, touchantes, lucides. Partis à la recherche d’un regard sensible et d’une écoute de l’intime, ils ont écrit, enregistré, fabriqué un univers sonore pour donner un relief acoustique à leurs récits. 

Artiste : Clémence Vazard
Professeurs : Antoine Marteil, Benoit Asquin, Gaelle Haoudji, Tatiana Dufort 

 



Photo : Crédit Mathilde Ferrier

Moi en rêve

Dans le cadre du programme “Classes à Projet Artistique et Culturel” et avec le soutien de la DAAC de la Ville de Paris et de la DRAC Ile-de-France, l’artiste Clémence Vazard a invité les élèves du Collège Jean Perrin (Paris) à se raconter au futur. Ils ont entre 11 et 15 ans, et viennent de Bosnie, d’Algérie, du Pakistan, de Moldavie, de Côte d’Ivoire, du Pérou, de Colombie et du Yémen. Ces élèves aux parcours exceptionnels ont conduit l'artiste à les interroger, à la façon d’une interview journalistique. Super héroïne, footballeur professionnel, avocate-chirurgienne, éleveur de dinosaures dans la réalité virtuelle ou encore artiste… Ils ont voyagé, à travers le collage et le témoignage, dans le temps et dans leurs vies romanesques, pas si éloignées de la réalité. Tendez bien l’oreille, leurs voix vous racontent, dans une langue française sonnante parfois trébuchante, une histoire dont ils sont les héros et et les héroïnes. 

 

Artiste : Clémence Vazard
Professeur : Mathilde Ferrier

 


Avoir 15 ans en 2021

Narrations organiques et pédagogiques, l’audio est un allié et le moyen de faire l’expérience de soi.

"L’intime à 15 ans, on ne peut pas le révéler, c’est très difficile. Mon rôle d’artiste c’est d’aller les aider à creuser un peu cette sensibilité-là et créer un dialogue et un mode opératoire basés sur la confiance." - Dominique Dalcan

En partenariat avec la SACEM (Fabriques de la Musique) et avec l’aide de l’artiste sonore Dominique Dalcan, les lycéens d’Edgar Poe (Paris) ont pu partir à la découverte de leur sensibilité. 

A l’aide de leur smartphone, ils nous racontent leur quotidien, mais pas n’importe lequel, celui d’adolescents de 15 ans en 2021. 

Artiste : Dominique Dalcan
Professeur :  Mara Cornet

 


Cap' sur le Futur

Faire l’expérience du futur grâce à la fiction sonore en un épisode de podcast, voilà l’objectif que se sont donnés cinq étudiants du Master 2 “Médiation et Création artistique” de l’Université Sorbonne Nouvelle. Ce projet, participatif, a été réalisé avec, par et pour les enfants, afin de mieux appréhender notre monde technologique, d’aujourd’hui comme de demain. 

C’est avec l’aide de la conteuse Laetitia Troussel-Luber et d’une classe de CM1 de l’école primaire Victor Duruy (Fontenay-sous-Bois), que le personnage fictionnel de la Gaîté Lyrique, Capitaine Futur, a pu voyager dans de nouveaux paysages imaginaires, faits d’innovations bizarroïdes et étonnantes. Fruits de leurs visions sur l’avenir, ces créations sont réunies en un récit d’aventure entre rêve et réalité, entre présent et futur. 

Artiste : Laetitia Troussel-Luber
Professeur : Olivier Thévenin 

 


Lutherie numérique

L’approche pluridisciplinaire de la Gaîté Lyrique conduit à repenser la pratique instrumentale, à l’ère de la musique numérique !

Avec l’aide de Sarah Garcin, artiste spécialisée dans le design et les logiciels libres, les élèves du Collège Debussy se sont essayé.es aux cartes de programmation “Arduino”. Ce projet, sous le nom de “Lutherie numérique”, a permis aux collégien.nes de s’ouvrir à de nouvelles pratiques musicales.

Comme conclusion à cet atelier rythmé, chacune des créations, connectée à une table de mixage, a donné lieu à mix en live, organisé sous la forme d’un bœuf expérimental filmé. Les élèves, placé.es devant un fond vert avec un clip vidéo réalisé par leur soin, partagent avec nous ces sonorités tout droit sorties de leurs imaginaires. 

Artiste : Sarah Garcin
Professeurs :  Armand Sabbathe et Alexis Frayce



Photo : Maxime De Abreu

Dans la jungle lointaine

Comment créer un imaginaire à partir du son ? 

Ce travail de création, entre le groupe de musique Nova Materia et le Collège Montgolfier (Paris), prend pour point de repère et de narration le roman La Conquête des îles de la Terre Ferme d'Alexis Jenni, qui relate la conquête du Mexique et de l'Empire Aztèque par Pizarro et les conquistadors espagnols au XVIe siècle. Avec les élèves de 6ème, Nova Materia a mené une recherche sonore mêlant transformation, altération, distorsion des sons de la jungle, à la recherche d’un univers sonore qui reflète l’avancée progressive des conquistadors, entre angoisse, peur, exaltation ou encore contemplation de la beauté de cette nature florissante.  

Pour ce faire, le projet s’est distingué par ces quatre temps d’exploration sonore : l’imitation de cris d’oiseaux, d’animaux tapis dans l’obscurité ; puis la captation sonore et acoustique avec les bruits et les instruments. Enfin, les élèves se sont imprégné.es de passages du livre d’Alexis Jenni pour en faire une interprétation personnelle à travers la création de haïkus, que l’on peut écouter au fil de notre immersion dans ce monde nouveau.

Artistes : Nova Materia
Professeurs :  Kamel Friha (musique) et Pascale Laperrine (français)

 Télécharger la brochure Ateliers partagés 2020-2021

 

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