La Fabrique de l’information
La Gaîté Lyrique - Fabrique de l'époque vous invite à rejoindre son écosystème dans le secteur de la culture et des médias indépendants.
L’éducation du 21e siècle ne peut faire l’impasse sur les formidables potentialités qu’offre l’environnement numérique, ni sur l’incroyable révolution des usages qu’il entraîne. Comment faire de l’accompagnement, des plus jeunes aux plus âgés, un synonyme d’apprentissage et d’encapacitation ?
Projets “nouvelles pédagogies” 2020-2021 :
Des guitares à deux cordes, des synthétiseurs simplifiés, des capteurs de lumière, des instruments bidouillés : bienvenue dans l'univers de BrutPop, né de la rencontre entre l'éducateur Antoine Capet et le musicien David Lemoine. Ensemble, ils œuvrent pour ouvrir les portes de la musique expérimentale au public autiste et en situation de handicap.
L’histoire commence dans un fablab installé à la Station-Gare des Mines, au nord de Paris. BrutPop, duo composé de l'éducateur Antoine Capet et du musicien David Lemoine (chanteur du groupe Cheveu), y conçoit des outils de création musicale dans la pure tradition du Do It Yourself : éléments d'aspirateurs transformés en instruments à vent, impressions de guitares en 3D, pédales d'effets bricolées... Ou comment, à travers la recherche de solutions instrumentales adaptées, imaginer sans cesse des formes innovantes de pédagogie. “Le mouvement bidouille, explique Antoine Capet, permet de créer son propre instrument. Ce qu'on travaille beaucoup, c'est la simplification de ce qui existe. On évoque souvent l'exemple des guitares qui ont six cordes. Si on en enlève quatre, c'est déjà beaucoup plus simple, ça fait un palier d'entrée pour l'accès à l'instrument.”
Au croisement de l'art et des nouvelles technologies, BrutPop interroge, depuis une dizaine d'années, la question de l'accessibilité à la pratique musicale. Cette exploration a conduit le duo à entamer, il y a trois ans, un travail au long cours en partenariat avec le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis et la Gaîté Lyrique, qui accompagne le collectif depuis ses débuts (la Gaîté Lyrique invite régulièrement le duo à participer à Capitaine futur, sa programmation pour les familles). “L'idée de cette résidence, résume David Lemoine, était de confronter nos habitudes d'ateliers, c'est-à-dire notre pratique de la musique en collectif avec des instruments adaptés, à l'univers du conservatoire.”
Pendant trois ans, le duo a mené un travail d'enquête sur l'inclusion dans ces établissements : il a travaillé au niveau national mais a aussi élargi son champ de recherches à l'étranger. “Nous sommes allés voir ce qui se fait ailleurs. Les Finlandais, par exemple, sont les champions de l'éducation en général, et donc très doués aussi pour l'éducation musicale. Chez les Anglais, nous avons découvert un autre scénario : le chaos libéral dans lequel évolue la société entraîne l'émergence d'acteurs indépendants très innovants.” D'une centaine de pages, le document qui résulte de ces investigations réunit des entretiens avec des interlocuteur·rices varié·es : directeur·rices de conservatoires, référent·es handicap, professeur·es, bidouilleur·ses, employé·es de think tanks... Il constituera un outil pédagogique mis à la disposition des professionnel·les.
Parallèlement à ce travail d'enquête, cette résidence a été pour BrutPop l'occasion de développer des kits d'instruments rendant possibles, dans les lieux qui en seront équipés comme la Gaîté Lyrique, des ateliers de création sonore accessibles aux public en situation de handicap. “Nous avons créé un kit de huit instruments. C'est une sorte d'orchestre électronique et électroacoustique simplifié, articulé autour de chefs d'orchestre lumineux - un dispositif que nous avions déjà pu expérimenter à la Gaîté Lyrique. Notre idée, c'est d'approcher la culture de l'orchestre mais en passant par des instruments simplifiés. Ça permet de créer un point de dialogue entre ce que font les conservatoires et notre pratique.” Le duo a par ailleurs formé des intervenant·es à l'animation d'ateliers articulés autour de ces kits. A la clef, la possibilité d’organiser des sessions en mixité. “Il s'agit de proposer une offre qui va permettre des ateliers partagés par des enfants qui ne sont pas en situation de handicap et d'autres qui le sont. C'est une proposition inédite car il n'existe pas d'offre de loisirs adaptée au handicap en dehors de ce qui est proposé dans les institutions médico-sociales. La Gaîté Lyrique s'est engagée à développer cela.”
Ces trois années de recherches s'achèveront en juin avec l'organisation d'un séminaire à la Station-Gare des Mines. Moins la fin d'un chapitre que l'ouverture du suivant, puisque le travail effectué par BrutPop a vocation à servir les professionnel·es. “Cette matière va être convertie en ressources. Tout ce qu'on fait, c'est du contenu en devenir pour les futurs pôles Art et handicap ou pour les centres de ressources handicap régionaux.” Antoine Capet et David Lemoine s'apprêtent par ailleurs à devenir formateurs. “Pour faciliter l'inclusion, il faut former les gens, les professeurs des conservatoires et les élus.” Une nouvelle corde à l'arc de ce collectif passionnant, trait d'union entre cultures underground et milieux numériques alternatifs. Et qui, en plaçant les nouvelles technologies au cœur du médico-social, illustre une des démarches de l’éducation artistique et culturelle à la Gaîté Lyrique : explorer les cultures post-Internet et œuvrer à en faire de véritables leviers d'inclusion.
Né d’un partenariat entre Lituanie, Italie, Grèce et France, le projet européen “STEAMulate your school” accompagne les élèves de l’enseignement secondaire dans l’acquisition et le développement de connaissances et de compétences-clé à travers des méthodologies innovantes, qui encouragent la transdisciplinarité.
Au croisement des sciences, de la technologie, des arts et des mathématiques (STEAM), ce nouveau projet international - porté par quatre structures, dont la Gaîté Lyrique - a pour but de parvenir à trois créations intellectuelles.
D’une part une boîte à outils composée de 20 ateliers pour les enseignant·e·s, afin de développer les compétences numériques et médiatiques des élèves et de permettre une meilleure incorporation des matières STEAM dans les programmes scolaires.
D’autre part, un MOOC (Massive Open Online Course), là pour créer un réseau numérique accessible aux enseignant·e·s, qui permette des liens vers des documents tels que les vidéos, tutoriels ou encore discussions en ligne. Ces sources servent de support pour réaliser des ateliers numériques.
Enfin, une application développée grâce aux contenus créés par les élèves lors de ces ateliers, gratuite et disponible sur App et Play Store, pour faire de ces nouvelles pédagogies des outils accessibles à tou·te·s !
La Gaîté Lyrique a accueilli l'artiste Cristina Hoffmann en résidence virtuelle au mois d'Avril-Mai pour son “Laboratoire de la divagation” !
Ce projet, en partenariat avec le Centre Social Cerise, le Pôle Citoyenneté de la Ville de Paris et l’association Kocoya, était adressé aux personnes de plus de 65 ans, souhaitant développer leurs pratiques numériques et d’en apprendre plus sur l’univers de l’artiste.
Enregistrement d’audio, écriture, édition de texte, prise d’images, ou encore usage d’outils collaboratifs, l'approche décalée de cet apprentissage encourage une légèreté et une joyeuse irrévérence vis-à-vis des nouvelles technologies. Sans avoir peur de “mal faire”, les participants ont découvert que ce qu’ils concevaient comme des “erreurs” étaient souvent des trouvailles, source de richesse !
Découvrir le Laboratoire de la Divagation