La Fabrique de l’information
La Gaîté Lyrique - Fabrique de l'époque vous invite à rejoindre son écosystème dans le secteur de la culture et des médias indépendants.
Les narrations complexes, les environnements enrichis et les multiples formats offrent des chemins d’accès et d’expression aux participants, qui reflètent leurs diversités. Explorant chaque fois une dimension numérique de la création, les projets présentés ici viennent aussi croiser d’autres dimensions et pratiques : de la création in situ… à la danse voguing.
À la croisée des enjeux de société, de l’art et de la technologie, le projet Libère-toi invitait quatre classes de collège à explorer, via la danse et le jeu vidéo, les questions de discrimination, de normes sociales et d’orientation sexuelle. Une façon, pour la Gaîté Lyrique, d’imaginer de nouveaux chemins d’accès vers la connaissance et d’expérimenter, avec les artistes, des espaces d’apprentissage pour les nouvelles générations.
Comment apprendre aux adolescents et adolescentes à se libérer des normes sociales et à combattre les stéréotypes de genre ? Soutenu par la Ville de Paris via le dispositif “Collège pour l’égalité”, le projet Libère-toi est né d’une collaboration entre la Gaîté Lyrique et L’Observatoire de prévention et de lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT+. Mariant art, technologie et enjeux de société, il a œuvré à sensibiliser quatre classes de quatrième et de troisième issues de collèges parisiens (Gambetta, Janson de Sailly et Flaubert) à la lutte contre toutes les formes de discriminations.
Dans chaque établissement scolaire, trois collaborateurs réguliers de la Gaîté Lyrique – le designer-chercheur Max Mollon, le danseur de voguing Vinii Revlon et le designer d’interactions Ferdinand Dervieux – sont intervenus pour imaginer avec les élèves une expérience artistique mêlant danse, musique, fiction et numérique. Plus qu’une simple collaboration, cet atelier fut l’occasion de créer un véritable collectif, reflet du triptyque art-technologie-société constituant l’ADN de la Gaîté Lyrique.
Spécialiste du design fiction, discipline explorant le futur pour réfléchir à un monde meilleur, Max Mollon a sensibilisé les élèves aux questions de discrimination de genre et aux différences d’orientation sexuelle. « Nous avons appris à connaître les élèves, qu’ils soient du 16e, 20e ou 13e arrondissement. Nous avons recueilli leur savoir sur des personnalités de la communauté LGBTQI+ comme Laverne Cox ou Kiddy Smile. » À la clef, l’heureux constat que ces sujets étaient déjà populaires. « La génération à venir est déjà informée, ce qui donne espoir. Mais certaines classes socioculturelles, populaires autant que privilégiées, ont et auront des difficultés à intégrer ces sujets dans leur intimité, ou simplement dans leur imaginaire. »
Pour encourager la prise de parole, le collectif a pensé la classe comme un “safe place”, référence au lieu où se déroulent les balls de voguing. « Le safe place, explique le danseur Vinii Revlon, est un espace où l’on peut dire ce que l’on veut, où l’écoute est bienveillante, où il n’y a ni questions idiotes, ni mauvaises réponses. C’était important d’instaurer cela dans un établissement scolaire, où les moqueries sont courantes. » La réflexion a été suivie de sessions de danse, lors desquelles le danseur – que sa collaboration avec Aya Nakamura avait contribué à rendre populaire auprès des élèves – a enseigné plusieurs pas emblématiques du voguing. Une façon d’ajouter à l’ouverture des esprits une libération par le corps. « J’ai commencé par montrer des vidéos de voguing. Certains élèves m’ont posé des questions. Pourquoi les garçons dansent-ils avec des talons ? Est-ce que c’est une danse gay ? Ça a été une révélation pour beaucoup, filles ou garçons. Dans le voguing, tous les corps sont beaux. Cela permet de se célébrer, peu importe le corps, la couleur, l’orientation sexuelle. »
Un dernier chapitre a consisté à imaginer une œuvre interactive inspirée de tous ces acquis. « Je suis intervenu auprès des élèves pour leur présenter ce qu’est une œuvre interactive aujourd’hui, explique Ferdinand Dervieux. J’ai mis en perspective les avancées technologiques actuelles : le jeu vidéo, les séries interactives ou encore les musées qui accueillent de nouvelles formes de création. » Avec lui, les élèves ont élaboré les règles du jeu vidéo en prenant en compte les réflexions menées jusque-là. « Le joueur ou la joueuse prend le contrôle d’un personnage anonyme qui va explorer un monde austère, régi par des symboles de la binarité et de l’autorité. Au fil de ses rencontres, il ou elle apprend des pas de danse qui lui permettent à la fois de se libérer et de transformer son environnement. »
Disponible en ligne, le jeu apporte un aspect ludique à la réflexion mais permet aussi de déplacer celle-ci dans la sphère privée. Il condense 60 heures d’un travail à la fois collectif et transversal, symptomatique de l'éducation artistique et culturelle menée par la Gaîté Lyrique en direction des apprentissages informels, qui offre aux adultes de demain un nouveau champ d'usages et de pratiques. “Cet atelier, résume Max Mollon, a permis la rencontre entre trois médiums d’expression (la fiction et le débat, la danse, les mondes virtuels) et entre trois univers (la prospective et la recherche, le voguing, le jeu vidéo).” Autant de portes d'entrée pour que chaque élève puisse, selon son parcours et sa sensibilité, s'investir dans un projet hybride et se projeter dans l’avenir.
Pourquoi écrire une série ? Pourquoi écrire sur le web ? Quel support, format et concept choisir ? Pour répondre à ces questions, les élèves du Collège Paul Verlaine (Paris) ont participé au projet “Web Stories”, avec l’artiste Arthur Vauthier et en partenariat avec la Dasco (Ville de Paris) et le Rectorat de Paris. Ils ont eu plusieurs temps pour imaginer et créer une web-série, à la fois innovante et originale.
Le thème de la régénérescence ouvre les portes de l’anticipation, et chacun est invité à concevoir un récit de science-fiction sur les humains du futur et la figure du monstre. A travers les différentes phases de travail qu’ont été l'écriture, le découpage, les repérages et le tournage, les élèves ont appréhendé les enjeux de la vidéo sur le web, comme une façon de renouveler le tissage d'un récit en commun.
Crédit vidéo : Arthur Vauthier
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Face à la réalité contrainte à laquelle nous avons dû faire face, les étudiant.es de DSAA Design et Création Numérique ont travaillé, depuis septembre 2020, sur la notion de résilience. Ce thème les a porté·es à la réalisation de douze îlots graphiques, pensés à leur image, comme des espaces de déconnexion.
Ces îlots sont réunis en un vaste archipel, tel un système solaire qui relierait des éléments en apparence isolés, mais qui nourrissent en fait des liens importants entre eux, des notions communes telles que la contemplation, pour prendre de la hauteur et observer le monde ; le jeu pour penser de nouveaux rapports sociaux plus spontanés et audacieux ; l’introspection et la mémoire, invoquées à travers le récit de leur expérience vécue.
Une cartographie a été conçue afin d’offrir l’expérience du voyage, de constellation en constellation, et d’esprit en esprit. Leur création est accessible dès maintenant en réalité virtuelle et en réalité augmentée, à découvrir à l’automne 2021 !
Vivre à notre époque, c’est aussi appréhender les enjeux de notre monde, à l’ère du numérique !
Pour ce faire, les élèves du Collège Evariste Galois (Sevran) ont réalisé une chaîne YouTube, avec quatre épisodes, portant sur le cyberharcèlement. En partenariat avec le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis, dans le cadre du dispositif “La Culture et l’Art au Collège”, l’artiste Clémence Vazard, les a aidé à constituer des équipes de tournage. Entre cadrage, montage, son et écriture de scénarios, ils ont exploré les thématiques du cyberharcèlement, dans des démarches fictionnelles, et sous la forme de reportages destinés aux témoignages et à la prévention. Ces nouveaux récits à l’ère post internet sont à découvrir dès maintenant sur YouTube !
S’aider des dispositifs plastiques, visuels, sonores et littéraires pour penser le thème de la régénérescence, voilà ce qu’ont fait les élèves du Collège Gambetta (Paris) ! Partant d’éléments du quotidien, ils se sont inscrits - avec l’aide de l’artiste Julien Levesque - dans une démarche collective, celle de l’installation d’une e-fontaine.
L’assiette devient réceptacle de l’eau, mais aussi ce “monde en petit”. L’élève se penche sur ce microcosme, pour évoquer par la peinture, une part de lui-même en lien avec les notions de ressource et de rapport à la nature. Insectes et petites bêtes viennent se placer sur l’assiette comme des mouchards, ils sont constitués de rebuts d’objets numériques.
Si la fontaine collective évoque la fluidité de l’eau, de la vie, comme ressource; le travail des insectes stimule cette nature mêlée d'éléments technologiques, à l’ère d’une société où la surveillance règne, et où le monde est fait d’appareils destinés à l’existence virtuelle.
Parler de soi à travers un triptyque entre autoportraits, expériences esthétiques, et abstractions numériques, c’est l'objectif du programme “Classes à Projet Artistique et Culturel”, qui aborde la question de la synesthésie au temps de l’immersion sonore.
Grâce à l’artiste David Keler, les élèves du Collège Flaubert sont mis en situation de création, au carrefour de médiums d’expressions variés, qui cheminent entre le son, le chant, la musique, le dessin, l’espace, et la peinture. Ils apprennent aussi à développer des compétences en création musicale électronique et numérique - MAO (Musique assistée par ordinateur).
Ce projet se déroule en trois temps. Un premier temps dédié à la découverte de la naissance de la synesthésie et sa présence dans les arts plastiques et sonores, jusqu’à la notion d'œuvre d’art totale, et celle d’immersion, introduite par des procédés comme la tête binaurale.
Un second temps, de l’oreille au pinceau, où sonorités et images sont explorées conjointement, pour l’installation d’un dispositif sonore et immersif.
Enfin, enrichis de ces deux premières étapes, les élèves réalisent une performance pour activer l'œuvre et donner corps au dispositif !