Comment vider nos caches, rafraîchir nos pages et changer nos habitudes derrière nos écrans ? Après avoir arpenté les Outremondes, Capitaine futur réalise qu'il·elle a changé d'ère pour bifurquer dans le Digitocène. Un espace-temps de reconfiguration, un moment de régénération.
En 2014, Capitaine futur entamait un Voyage Extraordinaire derrière l'écran : plongeant dans les profondeurs de notre monde connecté, il·elle explorait ce nouvel infini, ses immensités, ses curieux habitants, ses distorsions vertigineuses d'échelle, de perceptions et de points de vue... Poursuivant son immersion, il·elle atteignait en 2018 les rives d'une Supernature rare, inerte et pleine de vie, où l'on coexistait en harmonie avec les éléments, les flux géologiques, les plantes, les animaux et les machines indigènes et où l’on se transformait à leur contact. En 2019, il·elle arpentait encore les Outremondes de l’âge informatique et leurs passages à l’abri des regards.
Dans la lignée de ces réflexions allégoriques sur notre présent étendu, sur les transformations environnementales et matérielles en cours, Capitaine futur réalise cette année qu’il·elle a changé d’ère : il·elle a bifurqué dans le Digitocène, un espace-temps, qui désigne à la fois un paysage aléatoire et un moment de régénération, où tout est à apprendre, où les mots expirent quand ils ne sont pas dits. Suivons-le·la dans ses acrobaties visuelles et imaginaires, jalonnées d’aventures trépi-dansantes, d’ateliers super-bidouille, d’histoires fabuleuses, de films animés, de trésors de jeux, de livres et d’applications.
Dans une explosion inouïe de l’accès à ce qui nous entoure, ordinateurs, Internet, smartphones, réseaux sociaux changent radicalement notre relation au monde confortant l’idée de disposer à portée de clics, de tout, partout, tout le temps, telle une nouvelle loi naturelle.
À chaque époque, ses puissantes secousses, ses grands coups de frein et ses imprévus. À chaque époque, ses désirs d’autres visions du monde possibles, sa poésie de l’inattendu et du départ à zéro. La nôtre, digitale, informatique, constituée de machines ultra rapides et reliées entre elles fait alterner ces rêves de suspension radicale d’activité et de changement d’état, d’extinction et de redémarrage souligné par le préfixe RE et un vocabulaire métaphorique de la remise en marche, relance, redirection, récupération de données ou de réinitialisation-réinstallation-restauration-reformatage du système…
La généralisation des flux de données et de communications instantanées qui permet, immobiles et confinés derrière nos écrans, d’agir, de voir, de sentir, de toucher, à distance, en temps réel et en réseau nous encourage aujourd’hui à rouvrir une ère riche d’expériences concrètes, de rapport au temps régénéré, de points de vues excentrés, d’attention renouvelée pour appeler un nouveau monde à habiter et changer la direction de la suite des événements. Passant d’un univers à l’autre, numérique (virtuel) et physique (organique), en ligne et hors-ligne, naturel et sauvage, Capitaine futur emprunte le Digitocène, un espace-temps contemporain, modifié par l’homme, réoxygéné et frugal, une réserve puissamment imprévisible et douce, dans laquelle on se balade en toute tranquillité entre les strates de passé, de présent et du devenir.
Direction artistique : Jos Auzende
Illustration : Eric Ross Bernstein
Réalisation et animation : Patrick Volve
Son et musique : Sylvain Quément