À qui veut bien l'entendre [En ligne]

Ce film au dispositif radical creuse un chemin au sein de la scène internationale des musiques extrêmes. Alternant table ronde filmée – à la façon d’une émission radio dans laquelle la parole tourne – et des performances à la mise en scène soignée, Jérôme Florenville décide d’ouvrir le dialogue entre des esthétiques et des pratiques très différentes mais qui ont en commun une incandescence, une vitalité et un goût de l’expérimentation. Ces artistes se livrent ici, dans tous les sens du terme : ils et elles s’interrogent sur la place des femmes, la signification politique de leurs pratiques parfois hors normes, aux confins de l’expérience du corps.

Loin de leurs machines, loin du bruit, cette parole collective fabrique une pensée.

Ces artistes se prêtent aussi à des performances, parfois en montrant ce qu’on ne voit pas en général : les préparatifs, les valises qu’on ouvre, remplies d’objets, d’instruments étranges, les machines, les câbles qu’on déroule, les tests techniques, les hésitations. Loin de vouloir épouser une esthétique déglinguée ou chaotique, le réalisateur opte pour un effet de mise en scène qui restitue, avec une grande efficacité, le tourbillon à la fois physique et très mental au travail dans ces scènes expérimentales.

Romain Perrot alias VOMIR (France), Joachim Montessuis (France), Nina Garcia alias Mariachi (France), Sajjra Chrs Galarreta (Pérou), Deeat Palace (France), Arnaud Rivière (France), Alessandra Zerbinati (Italie), Andy Bolus alias Evil Moisture (Grande Bretagne) et • • •  alias Nikola H. Mounoud (Suisse) sont les artistes retenu.e.s ici. La liste pourrait bien s’étoffer car on retiendra de ce film l’extrême plasticité de ces musiques qu’on veut réduire trop souvent à leur radicalité. Une vraie expérience de cinéma, qui peut et doit aussi s’écouter, à défaut de se vivre en live.