Quand la logique et l'arbitraire se télescopent pour passer de l'autre côté du miroir...
W comme Wonderland
Pour la 23ème lettre de son abécédaire, Moving_Image revisite et transpose le monde inversé de Lewis Carroll dans "Alice au pays des merveilles", avec 6 films et vidéos rares qui interrogent la logique et les arbitraires de notre monde contemporain.
Hans Richter : Ghosts Before Breakfast (Vormittagsspuk)
Film experimental, 16mm, noir et blanc, 7’, Allemagne, 1927 [muet]
Des pendules s'affolent, des chapeaux deviennent oiseaux et s'envolent, des objets prennent leur indépendance, l'eau coule à l'envers et des bagarres absurdes éclatent entre des personnages magrittiens. Ce film de Hans Richter s’inscrit dans la mouvance dada, dans sa volonté de provocation et d'humour sans limite. Il laisse la place au travail déroutant du rêve, aux associations d'idées, aux images fulgurantes.
Hans Richter est l’une des figures les plus importantes du cinéma d’avant-garde au 20ème siècle. Précurseur de l’abstraction lyrique, il participe aux mouvements expressionniste, dada et surréaliste. Il a notamment réalisé "Rhythmus 21" (1921), un film abstrait d’une radicalité comparable à celle du Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malévitch, et "Dreams That Money Can Buy" (1944-1947) avec Max Ernst, Fernand Léger, Man Ray, Marcel Duchamp et Alexander Calder.
Loic Vanderstichelen & Jean-Paul Jacquet : Every woman should have the tools to take control of her life
Fiction, hdv, couleur, 20’05’’, Belgique, 2014 [VO français]
Loïc Vanderstichelen observe les dialogues improbables entre 4 individus lors d’un séminaire d’entreprise dans les espaces impersonnels d’un hôtel au post-modernisme étriqué. Le langage de chacun révèle progressivement ses failles logiques, la facticité et l’absurdité de cette micro-société.
Loïc Vanderstichelen vit et travaille à Bruxelles. Il réalise et produit des films depuis 1995. Il a notamment coréalisé plusieurs films avec Simon Backès et Michel François. Son film "Every Woman…" a été réalisé en collaboration avec Jean-Paul Jacquet. Ses réalisations ont été exposées et projetées notamment au MACBA Musée d'art contemporain de Barcelone, au Centre Pompidou et au Musée national Reina Sofia.
Eduardo Williams : Que je tombe tout le temps ?
Fiction, 16mm, couleur, 15’, Argentine/France, 2013 [VOSTFR]
Eduardo Williams met en scène un garçon qui vit un jour comme un autre. Il n’y a semble-t-il rien de vraiment spécial, mais des choses très étranges et fantastiques surviennent autour de lui. La continuité du film est contredite par des ruptures soudaines dans la continuité des espaces et des actions. Le spectateur est pris de doute quant à ce qui se passe réellement.
Eduardo Williams vit et travaille entre Buenos Aires et Paris. Il a étudié à l’Universidad del Cine à Buenos Aires et au Fresnoy Studio National des Arts Contemporains. Ses films ont été notamment projetés au Festival international du film de Rome, à la Cinéfondation, au Centre Pompidou dans le cadre des Rencontres Internationales. "Que je tombe tout le temps ?" et été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2013.
Bjørn Melhus : No Sunshine
Vidéo, hi8, couleur, 6’19’’, Allemagne, 1997 [sans dialogue]
Deux personnages identiques, une esthétique de clip vidéo et une communication mécanique sur fond de musique pop. Ces corps flottent dans un espace virtuel, connectés à leurs corps subconscients représentés en arrière-plan.
Bjørn Melhus vit et travaille à Berlin. Son travail explore la possibilité d’une réception critique du cinéma et de la télévision, au moyen du fragment, d’une démultiplication des personnages et du travestissement. Son travail a été présenté notamment au Centre Pompidou à Paris dans le cadre des Rencontres Internationales, au MoMA et au Whitney Museum à New York, et à la Tate Modern à Londres.
Federico Solmi : Chinese Democracy and the last day on earth
Vidéo, hdv, couleur, 10’22’’, Italie, 2012 [VOSTFR]
Federico Solmi réalise une satire de notre société contemporaine et de la nature auto-destructrice du genre humain. En contraste avec son esthétique ludique faussement naïve, la vidéo désigne un monde hiérarchisé et dominé par les hommes, contrôlé par des dictateurs, des politiciens et des hommes d’affaire arrogants et corrompus.
Federico Solmi vit et travaille à New York. Son travail combine différents médias comme la vidéo, le dessin, la sculpture et la peinture, et développe une esthétique satirique pour dépeindre une vision critique de notre société. Son travail a notamment été exposé au Centre Pompidou et au Musée National Reina Sofia dans le cadre des Rencontres Internationales, au National Center for Contemporary Art à Moscou, au Center of Moving Images de Melbourne, au Palazzo Delle Arti à Naples.
Konstantina Kotzamani : Washingtonia
Fiction exp., hdv, couleur, 24’, Grèce, 2014 [VOSTFR]
Washingtonia est un nom alternatif donné à la ville d’Athènes, un lieu où les gens, comme les animaux, sombrent dans la torpeur et la tristesse de l’été. Washingtonia est le seul palmier dont le cœur ne peut être dévoré par les scarabées rouges. Parce que son cœur est petit et sec, et que personne n'aime les cœurs petits et secs.
Konstantina Kotzamani vit et travaille à Thessalonique. Elle a étudié la pharmacie, puis le cinéma à l’Université Aristote de Thessalonique. Elle a participé au Talent Campus à Berlin et Sarajevo. Son film " Washingtonia" a été projeté notamment au Festival international du film de Berlin, au Festival international du film de Chicago, au Festival international du film de Turin.
un abécédaire d'œuvres vidéos, filmiques et multimédias...
Chaque mois, Moving_image propose un éclairage critique et prospectif sur ce domaine aux frontières mouvantes, où convergent à la fois un questionnement esthétique, social et politique de notre époque, et des enjeux liés à l’évolution des modes de production et de diffusion.
Transversales et ouvertes, les séances se déroulent en présence d'artistes invités qui parlent de leur travail et de leurs recherches, ainsi que d'intervenants chroniqueurs qui apportent un regard singulier ou décalé sur la séance.
La forme de chaque séance est elle-même questionnée, redéfinie avec les artistes présentés, afin d'explorer d’autres possibilités de relations avec le public présent ou en ligne, la possibilité d’autres modes de réception et d’expérience collective des œuvres.
Un cycle proposé par Nathalie Hénon et Jean-François Rettig.