Une invitation à explorer la culture millénaire de l'île de Zanzibar, où les traditions se transmettent en musique. Un monde à part, nourri de tonalités arabes, de rythmes latins, de mélodies indiennes et de percussions africaines, splendidement capté par ce documentaire.
ZANZIBAR MUSIC CLUB
Réal. : Philippe Gasnier et Patrice Nezan, 2010, 85’, France
Prod. : Les Films du présent
En présence des réalisateurs.
Ancienne étape de la route des épices, l’île de Zanzibar se situe à la croisée d’influences venues de tous les bords de l’Océan indien. Elle est ainsi le berceau du Taarab, musique traditionnelle dont les accents évoquent tour à tour l’Afrique, l’Inde et l’Orient. Une heureuse combinaison de poivres et de miels, de percussions, de cordes et de voix, que révèle cet ample documentaire, dont les meilleures séquences, magnifiquement cadrées, mettent en scène la doyenne des chanteuses zanzibari : Bi Fatuma Baraka, dite Bi Kidude (« Madame Petite Chose », en swahili). Il faut voir cette nonagénaire au visage impassible et au port de déesse s’avancer sur la scène et se planter crânement face au micro, hiératique, édentée, attendant que l’orchestre ait terminé de jouer ses phrases d’intro pour s’exprimer. De son corps chétif surgit alors une voix étonnante, déchirante et profonde, que Philippe Gasnier et Patrice Nezan prennent le temps de nous faire apprécier. De répétitions dans un café en gros plans sur des joueurs de dominos et des marchands ambulants, ce documentaire nous embarque dans un monde idyllique où la vie est guidée par des chanteurs dont les fables évoquent l'amour et les trahisons. Dépaysement immédiat, au plus près des ambiances de rue, chamailleries comprises en swahili ponctuées de mots en français. Sans s'alourdir d'explications, Zanzibar Music Club nous plonge pourtant dans l’âme du Taarab – rien d’autre que son âme.