Pourquoi la présence des femmes, très importante aux débuts de l’informatique, s’amenuise-t-elle considérablement à partir des années 1980 ? Éléments de réponse avec une table ronde et une performance participative.
Table ronde : Des computer girls aux computer boys
Avant que le mot "computer" ne désigne la machine qui allait la remplacer, il décrivait une personne, souvent une femme, qui faisait les calculs à la main. Les femmes ont traité les données astronomiques, calculé les trajectoires balistiques, cracké les codes nazis et ont été les premières programmeuses.
Très importante aux débuts de l’informatique, leur présence s’amenuise considérablement à partir du milieu des années 1980, notamment avec l’apparition de l’ordinateur personnel et la construction concomittante de la figure du nerd.
Comment est-on passé d’un domaine largement attractif pour les femmes à leur désertion en quelques décennies ? Quelles sont les conséquences sociales de la diminution de leur participation dans un secteur en plein essor et qui intervient dans tous les aspects de notre vie ?
Intervenantes
- Valérie Schafer : historienne des réseaux à C2DH, Université du Luxembourg, coordinatrice avec Benjamin Thierry de Connecting Women, Women, Gender and ICT in Europe in the Nineteeth and Twentieth Century (Springer, 2015).
- Isabelle Collet : informaticienne scientifique de formation, elle est Maître d'enseignement et de recherche sur les questions de "Genre et éducation" à l'Université de Genève et a publié L'informatique a-t-elle un sexe ? (L’Harmattan, 2006).
- Fanny Lignon : maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l’Université Lyon 1, ses recherches portent sur les représentations du masculin et du féminin dans les images et notamment dans les jeux vidéo. Elle a dirigé le volume Genre et jeux vidéo (PUM, 2015).
- Kristen Hateley : city leader de Lesbians Who Tech, qui œuvre pour la représentation des femmes dans la tech.
Performance participative : Oh Be A Fine Girl, Kiss Me de David Fathi
David Fathi exhume l’histoire des “human computers” de l’Observatoire de Harvard, ces femmes qui ont calculé et catalogué les immenses données des étoiles. L'Observatoire recourt aux femmes calculatrices dès 1875, mais c'est sous la direction d'Edward Charles Pickering qu'elles sont recrutées systématiquement, d'où l’appellation de "Harem de Pickering".
Plusieurs “computers” sont devenues des astronomes célèbres, comme Williamina Fleming, Annie Jump Cannon, Antonia Maury, Henrietta Swan Leavitt et Cecilia Payne-Gaposchkin.
David Fathi
David Fathi est artiste, né en 1985. De formation scientifique, il développe une recherche artistique tout en poursuivant une carrière d’ingénieur. David Fathi revisite une histoire parallèle des sciences et de la politique.
Dans le cadre de l'exposition Computer Grrrls
Vingt-trois artistes et collectifs internationaux livrent un regard critique et incisif sur les technologies numériques. Elles revisitent l’histoire des femmes et des machines et esquissent des scénarios pour un futur plus inclusif.