MOVING_IMAGE interprète la sixième lettre de l'abécédaire.
Un abécédaire d'œuvres vidéos, filmiques et multimédias...
Chaque mois, Moving_image propose un éclairage critique et prospectif sur ce domaine aux frontières mouvantes, où convergent à la fois un questionnement esthétique, social et politique de notre époque, et des enjeux liés à l’évolution des modes de production et de diffusion. Transversales et ouvertes, les séances se déroulent en présence d'artistes invités qui parlent de leur travail et de leurs recherches, ainsi que d'intervenants chroniqueurs qui apportent un regard singulier ou décalé sur la séance.
La forme de chaque séance est elle-même questionnée, redéfinie avec les artistes présentés, afin d'explorer d’autres possibilités de relations avec le public présent ou en ligne, la possibilité d’autres modes de réception et d’expérience collective des œuvres.
Un cycle proposé par Nathalie Hénon et Jean-François Rettig.
Pour la sixième lettre de son abécédaire, Moving_image propose une séance autour de la notion de "film footage" en présence de Johan Grimonprez. Réutiliser, détourner, réinterpréter les images apparait comme démarche critique et moyen d’investigation de notre culture et de notre histoire. Avec de nombreux exemples dans l’histoire du cinéma et du documentaire, cette pratique trouve une utilisation renouvelée dans les avant-gardes et dans le champ de l’art contemporain.
Cette séance est dédiée au travail de Johan Grimonprez, dont l’œuvre entière s’articule autour de cette notion et traverse aussi bien le champ du cinéma que celui de l’art contemporain.
Une séance consacrée au détournement d'images préexistantes, avec la projection du film culte "dial H-I-S-T-O-R-Y", précédé d’une présentation par Johan Grimonprez de son nouveau film "The Shadow World", avec projection d’un extrait en première française.
Dans "dial H-I-S-T-O-R-Y", Johan Grimonprez s’intéresse à l’histoire et à la politique au travers d’images de détournements d’avion, symboles d’un nouveau lieu d’expression de la revendication politique à partir des années 1970. A partir d’un matériau d’images préexistantes très diverses, notre attention se porte au-delà de la figure et des images des pirates de l’air. Le film développe une réflexion sur le rôle des médias dans la lecture et la compréhension des événements, mais également sur les mécanismes politiques et étatiques qui sous-tendent et accompagnent le terrorisme. Ce film est une transgression des genres entre fiction et documentaire, dépassant les repères logiques et chronologiques du documentaire pour construire une narration singulière.
Johan Grimonprez : The Shadow World
Documentaire exp., couleur, extrait 3’, Belgique/USA, 2013
VO sous-titrée français. Première en France
Johan Grimonprez : dial H-I-S-T-O-R-Y
Documentaire exp., couleur, 68’, Belgique/France, 1997
VO sous-titrée français
La projection sera suivie d’une discussion en présence du réalisateur.
Au sujet de "dial H-I-S-T-O-R-Y"
Attachez vos ceintures pour "dial H-I-S-T-O-R-Y", le documentaire culte sur le détournement, présageant tristement les événements du 11 septembre. Nous rencontrons des pirates de l’air romantiques, ayant combattu pour leurs révolutions, qui gagnent du temps d’antenne à bord d’avions de lignes, dans les années 60. A partir des années 90, ce genre de personnage apparemment n’existe plus, remplacé sur nos écrans télé par des histoires de valises piégées sponsorisées par des Etats.
Johan Grimonprez interroge les politiques à l’œuvre derrière ce changement, révélant dans le même temps notre propre complicité dans le désir de catastrophe finale. Jouant sur le leitmotiv de Don DeLillo dans le roman "MAO II" : « ce que les terroristes gagnent, les romanciers le perdent » et « le ‘chez soi’ est une idée défaillante », il associe des archives de détournements à des thèmes surréalistes ou communs, comme le fast food, les statistiques sur les animaux de compagnie, le disco, et des vidéos décalées tournées chez lui. David Shea a écrit la superbe bande-son de ce tourbillon à travers l’histoire, la mieux décrite par cette parole d’un dirigeant de Pepsi pris en otage : « passant à travers toutes les émotions : de la surprise au choc, à la peur, à la joie, au rire, et finalement encore, la peur. »
Au sujet de l’artiste
Les projets de Johan Grimonprez ont été exposés dans de nombreux musées à travers le monde, notamment au Hammer Museum à Los Angeles, à la Pinakothek der Moderne à Munich, et au MoMA à New York. Ses travaux font partie des collections d’importants musées, notamment au Centre Pompidou à Paris, au Kanazawa Art Museum au Japon, et à la Tate Modern à Londres. Ses films primés incluent “dial H-I-S-T-O-R-Y” (1997) et “Double Take” (2009). Projetés dans les principaux festivals internationaux, de la Berlinale au Sundance, ils ont reçu plusieurs prix du Meilleur réalisateur, le ZKM International Media Award en 2005, un Spirit Award, et le Black Pearl Award du Festival du Film d’Abu Dhabi en 2009. Ces films ont également été diffusés par NBC Universal, Arte et FILM4. En 2011, les éditions Hatje Cantz Verlag ont publié un ouvrage sur son travail intitulé "It's a poor sort of memory that only works backwards", avec des contributions de Jodi Dean, Thomas Elsaesser, Hans Ulrich Obrist and Slavoj Žižek. Son œuvre est distribuée par Soda Pictures et Kino Lorber International. Il est représenté par la Sean Kelly Gallery à New York et par la Galerie Kamel Mennour à Paris.
Son projet de film en cours "The Shadow World: Inside the Global Arms Trade" écrit par Andrew Feinstein, a reçu une bourse de développement du Sundance Institute. Son prochain film "How to Rewind your Dog" est en développement, avec le soutien du Fonds Audiovisuel Flamand et le programme européen MEDIA. Grimonprez partage son temps entre Bruxelles et New York, où il a étudié au Whitney Museum Independent Study Program, et où il enseigne actuellement à la NY School of Visual Arts.
Nos remerciements à l'Hôtel Duo pour son chaleureux accueil.