H comme histoire

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© Jean-Luc Godard : De l’origine du XXIe siècle

MOVING_IMAGE INTERPRÈTE LA HUITIÈME LETTRE DE L'ABÉCÉDAIRE

Un abécédaire d'œuvres vidéos, filmiques et multimédias...

Chaque mois, Moving_image propose un éclairage critique et prospectif sur ce domaine aux frontières mouvantes, où convergent à la fois un questionnement esthétique, social et politique de notre époque, et des enjeux liés à l’évolution des modes de production et de diffusion. Transversales et ouvertes, les séances se déroulent en présence d'artistes invités qui parlent de leur travail et de leurs recherches, ainsi que d'intervenants chroniqueurs qui apportent un regard singulier ou décalé sur la séance.

La forme de chaque séance est elle-même questionnée, redéfinie avec les artistes présentés, afin d'explorer d’autres possibilités de relations avec le public présent ou en ligne, la possibilité d’autres modes de réception et d’expérience collective des œuvres.

Un cycle proposé par Nathalie Hénon et Jean-François Rettig.
 

Programme de la séance :

La séance sera précédée d’un verre offert à partir de 18h45. Retrouvez-nous au Plateau Média.


Jean-Luc Godard : De l'origine du XXIe siècle (documentaire exp., couleur, 16’, Suisse/France, 2000)
Ivan Faktor : Das Lied ist aus (documentaire exp., couleur, 18’, Croatie, 2008)
Sarah Vanagt, Katrien Vermeire : The Wave (documentaire, couleur, 20’, Belgique/Espagne, 2012)
Deimantas Narkevicius : Into the Unknown (documentaire exp., couleur, 19’45’’, Lituanie/Allemagne, 2009)
Anna Ådahl : To New Horizons (vidéo, couleur et n&b, 10’, Suède, 2012)
Giulio Squillacciotti : Casi la mitad de la historia (fiction, couleur, 7’46’’, Italie/Espagne, 2011)

Courtesy: gb agency, Paris; Gallery Barbara Weiss, Berlin; et l'artiste.

Détail

Jean-Luc Godard : De l'origine du XXIe siècle
Documentaire exp., couleur, 17’, Suisse/France, 2000

"De l’origine du XXIe siècle" a été réalisé en 2000 pour l’ouverture du Festival de Cannes – une tentative, comme dit Godard. « J’ai essayé de couvrir le souvenir des terribles explosions et crimes en tout genre des hommes par le visage des enfants et les larmes et les sourires des femmes. » Bien sûr la tentative devait échouer, car dans cette rétrospective il n’y a aucun remède contre les horreurs du siècle écoulé. Godard passe le XXe siècle en revue, dans le sens inverse ; ses courants majeurs sont constitués d’armées et de réfugiés, de canonnades et de prisonniers, de trains de marchandises et de montagnes de cadavres, de conquêtes et d’occupations, d’avilissement et de torture. Et quand une scène part à la recherche d’un siècle perdu, il ne s’agit pas de retrouver la douceur du souvenir mais une époque qui est perdue parce que ravagée par la violence et les guerres. L’autre scène, « Les plus belles années de notre vie » (d’après le film de William Wyler, The best years of our lives), n’est plus qu’humour macabre. Le XXe siècle, « pour moi » – rajoute-t-il en guise d’excuse –, est ornement et masse ; ce sont des destins isolés, noyés dans les grands courants, à moins qu’ils ne trouvent leur territoire dans une quelconque histoire qui est à la fois protection et consolation : « Il faut bien que tu comprennes que les hommes, pris en masse, jouent toujours le jeu de quelqu’un d’autre... jamais le leur. » (Michael Althen, extrait - Traduction : Martine Passelaigue - © Éditions ECM)


Ivan Faktor : Das Lied ist aus
Documentaire exp, couleur, 18’, Croatie, 2008

Ivan Faktor assemble des scènes documentaires, qu’il a filmées dans la ville d’Osijek en 1992 lors de la guerre en Croatie, avec des extraits de la bande sonore du film "M le maudit" de Fritz Lang, et créé le portrait terrible d’une ville dévastée par des forces irrationnelles et un meurtrier invisible. "Il n’a aucune idée cohérente de lui-même, mais tout ce dont il se souvient est d’une manière ou d’une autre relié à la ville, même s’il n’y est pas né et n’y a jamais vécu" (Giorgio Manganelli)

Ivan Faktor est né à Crnac (Croatie) en 1953. Il réalise des films et des vidéos depuis 1975. Il a participé à la 46ème Biennale de Venise, et a représenté la Croatie à la 25ème Biennale de Sao Paolo. Il a reçu de nombreux prix, notamment le Grand Prix des 11èmes Days of Croatian Film, le Vladimir Nazor Award, et le Grand Prix du 39ème Salon de Zagreb.


Sarah Vanagt, Katrien Vermeire : The Wave
Documentaire, couleur, 20’, Belgique/Espagne, 2012

Dans "The Wave", le regard archéologique du spectateur est mis en mouvement : un charnier de la guerre civile espagnole (1936-39) s'ouvre et se referme sur lui-même. En 2011, une caméra est placée au-dessus de l'endroit où neuf victimes ont été enterrées après leur exécution par les franquistes en juin 1939. Le premier jour de la fouille, une pelleteuse excave lentement la couche supérieure du sol, jusqu'à ce que les archéologues découvrent un crâne perforé d’une balle. Ils ont continué leur travail à la main. Des squelettes sont apparus, puis ont disparu, comme si un vent fort avait enlevé le sable et dévoilé la mort, une vérité originelle.

Sarah Vanagt fait des documentaires, des installations vidéos et des photos, dans lesquels elle combine son intérêt pour l’histoire et les origines du cinéma. Son travail a été projeté et exposé dans de nombreux festival et musées en Europe, notamment au Centre Pompidou et au Musée National Reina Sofia dans le cadre des Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid, à la Whitechapel Gallery à Londres, ainsi que EMAF Osnabruck, Transmediale à Berlin, le Festival International du Film de La Rochelle, le Festival International du Film de Locarno. La pratique artistique de Katrien Vermeire se situe entre photographie et vidéo. Son travail a été présenté notamment à la Kahmann Gallery, au M Museum Leuven et au Festival International du Film de Rotterdam.


Deimantas Narkevicius : Into the Unknown
Documentaire exp., couleur, 19’45’’, Lituanie/Allemagne, 2009

Commandé pour le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, "Into the Unknown" est réalisé à partir d’extraits de films d’ex-Allemagne de l’Est (RDA) documentant le quotidien des berlinois de l’Est. Le film créé un antagonisme entre ce qui est vu et ce qui est entendu, analogue au gouffre entre la propagande et la réalité – et le pouvoir trompeur des images.

Deimantas Narkevičius vit et travaille à Vilnius, Lituanie. Son travail de réalisation expérimente la structure du film et thématise l’inertie de la mémoire subjective et des modifications personnelles de l'histoire. Il a représenté la Lituanie à la 49e Biennale de Venise, et a été exposé dans de nombreux musées, biennales et événements, notamment à Manifesta, aux Biennales d’art contemporain de Busan et de Gwangju en Corée, au Festival International du Film de Rotterdam, à la Kunsthalle de Bern et au Musée d’art moderne et contemporain de Genève, au Musée National Reina Sofia à Madrid, au Centre Pompidou à Paris et à la Tate Modern à Londres.


Anna Ådahl : To New Horizons
Vidéo, couleur et n&b, 10’, Suède, 2012

"To New Horizons" combine une voix off avec des séquences de films soviétiques et américains des années 30, et interroge les relations entre les deux super puissances à cette période. Comment l’expertise américaine a été utilisée par Staline pour l’élaboration de son premier Plan quinquennal d’industrialisation de l'Union soviétique. Comment esthétiquement, dans les arts et le cinéma, il y a eu des échanges et des influences entre les deux structures de pouvoir, révélant une co-dépendance des deux ennemis de la guerre froide. Une ambivalence se créé entre ce qui est américain et ce qui est soviétique, ce que nous voyons et ce que nous savons, ou plutôt ce que nous avons appris au travers des mécanismes de la propagande et de la communication.

Anna Ådahl vit et travaille à Stockholm. Artiste pluridisciplinaire, elle travaille principalement avec le film et la vidéo. En utilisant à la fois des documents et des théories, elle combine de nouveaux récits qui interrogent l'histoire. Son travail a été exposé notamment au Bonniers Konsthall de Stockholm, à la Biennale d'Istanbul, au Musée National Reina Sofia et à la Haus der Kulturen der Welt dans le cadre des Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid, au Musée National d'Art Contemporain de Croatie.


Giulio Squillacciotti : Casi la mitad de la historia
Fiction, couleur, 7’46’’, Italie/Espagne, 2011

Toute la mémoire du monde est contenue dans une vieille Académie dont nous ne connaissons ni le lieu ni l’époque. La querelle entre deux hommes de générations différentes est racontée sous forme d'annotations pour une histoire possible restant encore à énoncer. Le désaccord réside dans la possibilité même d’écrire l'Histoire. Comment appréhender ce que l’Histoire a déjà dit, et qu’est-il possible d’y ajouter ? Ce film a été réalisé pour la double exposition personnelle d’Antoni Muntadas et de Giulio Squillacciotti à Rome en 2011.

Giulio Squillacciotti vit et travaille à Rome. Il est diplômé de l'Ecole d'Architecture de Venise. Son travail s’intéresse aux structures narratives et culturelles et à leur possible réinvention dans différents contextes. Son travail a été exposé notamment à l’Académie d’Espagne à Rome, à la Cinémathèque espagnole, à la Biennale d’Istanbul et à Manifesta 8.