Les laboratoires de recherche les plus sérieux subissent, comme le reste de la société, une restructuration selon les canons de la gouvernance néolibérale. Les financements se font « sur projets », avec des brevets et des « applications » en vue, et les institutions sont mises en concurrence. Pour le chercheur, précaire de luxe, c’est plus que jamais publish or perish. Il est devenu un communiquant, en particulier pour trouver de l’argent pour son labo ou des investisseurs pour sa start-up. Le discours scientifique, maintenant formaté pour faire mouche dans les médias et auprès des décideurs, sort trop souvent des rails de la froide rationalité pour se laisser orienter par des intérêts financiers et/ou idéologiques. C’est la porte ouverte à toutes les approximations et aux bonimenteurs. L’explosion de la fraude scientifique est l’un des symptômes de cette fuite en avant. Nous verrons au passage comment le travail de certains artistes peut-être instrumentalisé par le complexe technoscientiste. Ces phénomènes seront illustrés par des exemples concrets (Human Brain Project, ITER et fusion nucléaire, nanotechnologies, biologie synthétique…). (EF)
Emmanuel Ferrand, chercheur en mathématiques (UPMC / Université Pierre et Marie Curie), est aussi impliqué dans divers projets avec Dorkbot Paris.