METALLICA – SOME KIND OF MONSTER

Séance spéciale anniversaire - Une proposition de Benoît Hické

METALLICA – SOME KIND OF MONSTER

Trois musiciens immensément célèbres contraints de livrer leurs états d’âmes et d’exprimer toute la rancœur accumulée au cours de vingt années d’une carrière pavée de drames et de succès : c’est aventure passionnante qu’ont pu capter, entre 2001 et 2003, Joe Berlinger et Bruce Sinofsky.

METALLICA – SOME KIND OF MONSTER
Réal. : Joe Berlinger et Bruce Sinofsky (Etats-Unis, 2004, 141', VOSTF)


Le colosse aux pieds d'argile 

Venus au départ filmer quelques répétitions, les deux réalisateurs ont finalement pu suivre tout le processus de l’enregistrement du nouvel album de Metallica (St. Anger). Des sessions accompagnées, à la demande du manager, par une véritable thérapie de... groupe, sous la houlette d'un psychologue. Car en 2001 Metallica est en crise. Le bassiste Jason Newsted vient de claquer la porte pour entrer en cure de désintoxication et les relations sont extrêmement tendues entre les trois héros du heavy metal américain : le chanteur et guitariste James Hetfield, le batteur Lars Ulrich et le guitariste Kirk Hammett, qui ont fait de Metallica un groupe à l'aura mondiale.

Intimité

Some Kind of Monster est un documentaire brut, tourné en vidéo. Il présente, sous forme de chronique, un condensé de ces deux années d'accouchement (artistique et humain) difficile et dévoile un aperçu du travail à la fois collectif et pourtant très intime auquel se livrent les membres de Metallica. Un peu plus de 30 années après le regard que Jean-Luc Godard apposait sur les Rolling Stones au travail (Sympathy For The Devil), ce film parvient à son tour à restituer l'essence de la création. Un moment fragile, fait d'équilibre, de hasard et de talent. Contrairement à Godard, qui n'aimait pas les Rolling Stones, on perçoit chez Joe Berlinger (réalisateur de Paradise Lost) et Bruce Sinofsky une vraie empathie pour les musiciens. Mais leur film échappe heureusement au banal "rockumentaire" pour fans pour s'inscrire dans la tradition du "cinéma-vérité". Il s'attache à évoquer la difficulté qu'il y a à communiquer et à créer, à maintenir une relation amicale, et surtout les efforts à fournir pour maintenir la cohésion d'un groupe d'hommes. Parfois dans la douleur.

Un film au cordeau, fragile et intense, peut-être le plus passionnant document sur la création musicale, et qui envisage la musique comme un élément social indispensable à nos existences.