La proposition de Salomé Voegelin prend la forme d’une lecture-performance qui interroge une certaine perspective de la politique - pragmatique, partisane et visuelle - et la met en regard du son - volumineux, visqueux et indivisible.
S’intéressant au caractère indivisible du son et à ses possibilités politiques, Salomé Voegelin cherche à faire émerger ce qui semble inimaginable et impossible, ce qui est mais qui n’est pas entendu, mal entendu et ignoré.
Elle envisage la condition politique comme une condition invisible qu’elle cherche à rendre sensible par le son - invisible lui aussi. Elle se sert de cette invisibilité comme d’un outil critique et soutient que la dimension politique du son peut révéler des formes muettes de domination du politique et de l’art. Elle s’inspire ici des travaux d'Etienne Balibar, pour qui le politique est l'horizon et la condition de la politique, ainsi que le but de tous ses processus.
C’est bien dans cette condition et ces processus que Salomé nous engage et ouvre une voie qui lui est propre, à partir de textes, de son, de mouvements, de souffles, de bruissements et de désarticulations. Elle cherche à faire advenir la condition politique comme une condition sonore, invisible et indivisible, afin de rendre imaginables une socialité et une esthétique qui s’accordent avec l’écoute : offerte, réciproque et plurielle.
Salomé Voegelin
est une artiste et théoricienne suisse, elle vit et travaille à Londres. Elle est maître de conférences en Arts Sonores au London College of Communication, à l’Université des arts de Londres. Ses recherches portent sur le son et l’écoute comme matériau et pratique socio-politiques. Elle est l’auteur de Listening to Noise and Silence: Towards a Philosophy of Sound Art, Bloomsbury, 2010, et de Sonic Possible Worlds: Hearing the Continuum of Sound, Bloomsbury 2014. Son prochain ouvrage, The Political Possibility of Sound, Fragments of Listening, paraîtra chez Bloomsbury en 2018.
Théories(s) esthétique(s) des musiques électriques
Ce séminaire est organisé par Pierre Arnoux (Collège International de Philosophie) et Agnès Gayraud (Centre Victor Basch). Pour sa deuxième année, il se propose de reconsidérer, dans le champ des musiques électriques, le rapport entre esthétique et Sound Studies.
Sound Studies
Les Sound Studies s’intéressent à l’enracinement culturel, social et historique des phénomènes sonores et de leur perception, ainsi qu’à leur dimension politique. Quoiqu'elles se soient en grande partie construites contre l'esthétique classique et l'idée d'une essence autonome de l'art, ces sound studies paraissent à même, grâce à des outils théoriques nouveaux, de cerner le bouleversement que les musiques électriques imposent à l'art et à la vie.