Le sociologue Antonio Casilli revient sur la crise de la covid-19 en cours qui a généralisé le télétravail et analyse ses effets sur les travailleur·euse·s précarisé·e·s des plateformes, en charge du "dernier kilomètre". Une conférence à suivre en ligne.
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La crise de la covid-19 a été saluée comme le triomphe du télétravail. Mais, même pendant les phases de confinement, le "smart working" n’a concerné qu'environ 25 % de la force de travail. Des enjeux de stratification sociale se dessinent, car le télétravail concerne principalement les cadres et les classes moyennes supérieures, tandis que les classes populaires sont plus susceptibles d’être des "travailleur·euse·s essentiel·le·s" hors-domicile, ayant une proximité physique importante avec client·e·s, patient·e·s, usager·e·s.
Dans ce contexte, les plateformes de travail "digital" se sont présentées comme des occasions de gain pour les personnes au chômage, voire comme des fournisseurs d’activités à réaliser en toute sécurité depuis son domicile.
Toutefois, une partie importante des travailleur·euse·s des plateformes a été exposée à la volatilité des marchés et réduite à l’inactivité. Trois catégories de travailleur·euse·s du clic ont survécu à la crise, tout en adaptant leurs profils : les livreur·euse·s, devenu·e·s désormais le "dernier kilomètre de la logistique", les micro-travailleur·euse·s transformé·e·s en "dernier kilomètre de l’automatisation" et les modérateur·rice·s de contenus sur les médias sociaux qui assurent le "dernier kilomètre de la communication".
Sur ces catégories pèse une part disproportionnée des risques économiques et sanitaires associés à la covid-19. Cependant, cette dernière a ouvert de nouveaux espaces de reconnaissance pour ces travailleurs, qui émergent de la crise plus organisés et capables de mener une action syndicale afin d’améliorer leurs conditions de travail en Europe, États-Unis et Amérique du Sud.
Invité
- Antonio Casilli : sociologue, enseignant-chercheur à Télécom Paris et chercheur associé au LACI-IIAC de l’EHESS. Il a notamment publié En attendant le robots, enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019), Les Liaisons numériques (Seuil, 2010) et, avec Dominique Cardon, Qu’est-ce que le digital labor ? (INA, 2015).
Dans le cadre du séminaire "Étudier les cultures du numérique" animé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales par Antonio Casilli, professeur à Telecom Paris, la Gaîté Lyrique accueille quatre rencontres publiques autour de la question des mutations du travail à l’ère du numérique. Chaque séance est l’occasion d’un dialogue entre des chercheur·euse·s et des artistes de renom international.