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Dans cette vidéo, l’artiste chinoise Lu Yang se dédouble virtuellement. Pour mieux se détruire ?
Couleurs criardes, chorégraphies de doubles virtuels sur une pop bien énervée et explorations de techniques neuroscientifiques : Lu Yang n’a pas peur des mélanges détonnants. Elle le prouve avec Delusional Mandala, oeuvre imaginée en 2015 qui questionne avec un humour grinçant à la fois les religions, la mortalité mais surtout la science.
Comme point de départ, l’artiste chinoise a choisi son corps, et plus particulièrement son visage. Elle a créé un simulateur et débute sa vidéo par la conception de sa propre représentation numérique, qu’elle choisit asexuel. Iel naît, danse et subit surtout plusieurs expérimentations neuroscientifiques pendant ces quinze minutes. Stimulations cérébrales, système stéréotaxique (qui permet de viser des parties bien précises du cerveau) : son visage et son comportement changent en fonction des opérations proposées (dont l’une qui prend la forme d’une auréole), et passent facilement de la joie à la colère.
Lu Yang met ainsi le doigt sur des problématiques contemporaines : grâce aux sciences, peut-on externaliser la conscience ? Est-il possible d’accéder à de nouveaux espaces de réflexion, et pourquoi pas à la transcendance avec les neurosciences ?
Ce double finira pourtant par mourir, et la vidéo se termine par le trajet à toute vitesse d’un corbillard étincelant, avec en tête le portrait virtuel et souriant de Lu Yang. Une oeuvre aussi fascinante qu’elle peut déranger. Delusional Mandala, en jonglant avec de multiples références, qu’elles soient pop ou religieuses, se regarde comme une hallucination virtuelle, qui joue sur l’impermanence des choses et un petit sentiment de malaise, qu’on digère ici à grands renforts de techno.