Rendez-vous majeur de la création audiovisuelle contemporaine, les Rencontres Internationales créent pendant 6 jours un espace de découverte et de réflexion dédié aux pratiques contemporaines de l'image en mouvement.
"Anthropologies" - 14h
Omar Chowdhury s’immerge dans un paysage de plus en plus sombre, vers les anciennes mines d’or de la Province de Victoria, en Australie. Iván Argote met le feu au monument à Christophe Colomb, dans le quartier de la Rambla, à Barcelone. Au Brésil, João Vieira Torres et Tanawi Xucuru Kariri filment un rituel, et s’interrogent sur ce qui peut être vu. Lucia Prancha filme les habitants d’une île du Nordeste brésilien, dont certains pensent être les descendants directs du roi Sébastien du Portugal, disparu dans une bataille au 16ème siècle. En dialogue avec l’ouvrage «L’Afrique fantôme» de Michel Leiris, Mathieu K. Abonnenc interroge la conservation d’une collection anthropologique ramenée par la Mission Dakar-Djibouti. Le film dévoile le destin et la mémoire d’archives par un récit fantasmé, qui désigne un état des relations entre les peuples.
Omar Chowdhury: The Colonies at Dusk | Vidéo | hdv | couleur | 12:49 | Australie | 2014
Ivan Argote: Barcelona | Vidéo | hdv | couleur | 5:16 | Espagne | 2014
João Vieira Torres, Tanawi Xucuru Kariri: TORÉ | Doc. expérimental | hdv | couleur | 15:0 | Brésil | 2015
Lucia Prancha: Sebastião, O Fantasma | Fiction | hdv | couleur | 14:57 | USA | Brazil | 2014
Mathieu K. Abonnenc: Secteur IX B | Fiction | 4k | couleur | 42:35 | France | 2015
"Dispositifs" - 15h
Stéphane Pichard réalise est un «docu-fanfare», comme on dit «docu-fiction», une sorte de comédie musicale. Richard Martin subvertit le processus du montage, et explore une séquence d’un téléfilm, et révèle les conventions dominantes du genre, avec sa prédictibilité crue et hypnotique. Zachary Epcar scénarise un paysage de nuit, et transforme de simples plantes en personnages hollywoodiens. Nicolas Tubery envisage les mécanismes de la vidéo et le sujet filmé dans un seul et même acte. Dans une bergerie, un dispositif de tournage singulier révèle une chorégraphie de l’effort et du travail. Pat Collins et Sharon Whooley filment un phare qui devient métaphore du processus filmique. Sarah et Katrien Vanagt recréent une expérience du 17ème siècle permettant l’observation du dispositif de la vision oculaire. Jean-François Reverdy utilise le sténopé pour restituer la lumière du désert et filmer les hommes qui l’habitent, dans une région désertique de Mauritanie, l’exploitation des carrières de fer et l’acheminement du minerai jusqu’à l’Océan, à bord du plus long train du monde.
Stéphane Pichard: FECAMPOISE | Vidéo | hdv | couleur | 2:49 | France | 2015
Richard Martin: ABCAM | Vidéo | hdv | couleur | 7:54 | Canada | 2015
Zachary Epcar: Night Swells | Vidéo | hdv | couleur | 5:14 | USA | 2015
Nicolas Tubery: Deman la tonda | Doc. expérimental | hdv | couleur | 11:11 | France | 2015
Pat Collins, Whooley, Sharon: Fathom | Doc. expérimental | hdv | couleur et n&b | 21:30 | Irlande | 2013
Sarah Vanagt, Katrien Vanagt: In Waking Hours | Doc. expérimental | hdv | couleur | 18:13 | Belgique | 2015
Jean-françois Reverdy: Matière Première | Doc. expérimental | hdv | couleur | 26:2 | Mauritanie | 2015
Carte blanche à Pedro Costa - 16h
Avec «O Nosso Homem» (Notre Homme) Pedro Costa réalise « une variation dans le prolongement de la trilogie consacrée aux habitants du quartier aujourd’hui détruit de Fontainhas à Lisbonne, ou plutôt une sorte d’appendice au troisième volet, «En avant Jeunesse!», dont le héros, Ventura, réapparait, devenu ici un des quatre personnages de ces dialogues de désespérance. Ils se poursuivent, de décor en décor, du plus sombre au plus éclatant, portés par cette somptuosité de cadres et de tons de lumière et d’ombres qui faisait dire à Jacques Rancière à propos de «En avant Jeunesse!» : « La foi dans l’art qui atteste la grandeur du pauvre – la grandeur de l’homme quelconque – brille ici plus que jamais. Mais non plus celle qui l’assimile à l’affirmation d’un salut. » Une figure court à travers «O Nosso Homem» pour en exprimer la violence mythique: « ce bonhomme qui emmène les gens dans une vie meilleure », leur glissant furtivement un papier qu’il leur redemande si fort, à cet avis d’expulsion qui frappe en fin de parcours José Albert, un des quatre Cap-Verdiens poursuivant à Lisbonne ces échanges sur l‘improbable dignité de vivre. » (Raymond Bellour)
«J’étais un bon maçon. J’ai jamais fais un mur de travers. Mon patron s’est jamais plaint de moi. Un jour le travail s’est arrêté, j’ai perdu mon chômage. Pas de pension de retraite, pas d’allocations familiales. J’ai cherché du travail partout, mais rien. Je ramenais pas d’argent à la maison, Suzete m’a foutu à la porte.»
Pedro Costa: O Nosso Homem | Doc. expérimental | hdv | couleur | 23:0 | Portugal | 2015
"Iconique" - 17h - Auditorium
Traversant tour à tour forêts, ruines baroques, tours de contrôle et catacombes romaines Clément Cogitore, dans “Sans titre”, traite d’une communauté scientifique sur les traces d’un animal magique. Dans une confrontation entre monde souterrain et aérien, archaïsme et nouvelles technologies, il interroge l’immuabilité du sens du récit et de l’image face à l’évolution des croyances. Adel Abidin interroge la puissance des icones contemporaines, et la croyance qu’elles génèrent, à travers la figure de Michael, interviewé après sa résurrection. Les réponses qu’il donne et le discours qu’il fait ne sont rien d’autre que la compilation de ses chansons les plus connues.
Clément Cogitore : sans titre | Vidéo | mov | couleur | 0:24:00 | France | 2014
Adel Abidin : Michael | Vidéo | hdv | couleur | 0:16:10 | Finlande | 2015
"Et la vie est facile" - 17h - Grande salle
Nicolas Carrier et Marie Ouazzani filment une école qui, durant la colonisation japonaise de la Corée, enrôlait des orphelins dans l’armée occupante. Maintenant résidence d’artistes, on murmure qu’elle est hantée. En jouant avec des calques d’images artistiques, historiques et touristiques, trois jeunes coréens réveillent les souvenirs et le passé de ce lieu. Lamia Joreige filme Beyrouth. La ville est plongée dans une étrange accalmie alors que la région autour s’embrase. A travers cinq personnages, principalement des acteurs non-professionnels, Lamia Joreige réalise un portrait unique de sa ville natale. Qu’il soit attaché commercial, musicien, étudiant, acteur, chacun livre son attachement profond à Beyrouth et sa difficulté ou impossibilité d’y vivre. Pendant plusieurs mois, la cinéaste leur a demandé de jouer des scènes qu’elle a imaginées, en s’inspirant de leur vie amoureuse, professionnelle ou amicale. Elle a fictionnalisé leur quotidien, faisant ainsi ressortir leur malaise. Ces scènes ont été jouées dans les quartiers où ils habitent, dans les lieux qui leur sont chers. La ville et leurs sentiments sont intimement imbriqués. Sous la beauté des images, sous l’apparente douceur de leur vie se profile l’angoisse de l’instabilité politique au ProcheOrient et la peur d’une guerre dévastatrice.
Nicolas Carrier, Marie Ouazzani : Tracing Ghosts | Vidéo | mov | couleur | 0:09:22 | France, Corée du Sud | 2015
Lamia Joreige : And The Living is Easy | Fiction | hdcam | couleur | 1:15:00 | Liban | 2014
"Post-traumatique" - 18h
Monira Al Qadiri reprend des images sur VHS de gisement de pétrole en feu, au Koweit, après la première guerre du Golfe, en 1991. Ces images, qui semblent venir de l’Apocalypse, sont accompagnées par la diffusion sonore de poèmes que la télévision diffusait à la même époque. Johann Lurf filme de nuit une fabrique d’armement et de drones à usage militaire en Autriche. Guston Sondin-Kung raconte la participation d’un officier de renseignement, depuis sa chambre d’hôtel au Danemark, à une cyber-attaque contre une centrale nucléaire iranienne. Nadia et Laila Hotait réinterprètent la prise d’otage qui eut lieu à la Bank of America, à Beyrouth, le 18 octobre 1973. Mariah Garnett filme des vétérans de guerre américains qui continuent à tester leurs limites physiques, une fois de retour dans le civil. En collaboration avec l’écrivain Tom McCarthy, Johan Grimonprez réalise, dans « From Satin Island», un obsédant collage de désastre et de beauté. Avec «What I will», nous entendons la voix de la poète jordano américaine Suheir Hammad, qui cherche l’espoir face aux parades militaires et aux fusils antiaériens. Lydia Moyer propose une méditation sur la liberté dans l’Amérique contemporaine, après les événements de Ferguson, dans le Missouri.
Monira Al Qadiri: Waraa Al Shams | Vidéo | hdv | couleur | 10:0 | Koweït | 2013
Johann Lurf: Embargo | Vidéo | hdv | | 10:0 | Autriche | 2014
Guston Sondin-Kung: STUXNET in Denmark | Vidéo | 4k | couleur | 4:37 | Danemark | Iran | 2015
Nadia & Laila Hotait: The Night between Ali and I | Vidéo | 4k | couleur | 9:5 | Liban | 2015
Mariah Garnett: Full Burn | Doc. expérimental | hdv | couleur | 20:0 | USA | 2015
Johan Grimonprez: from SATIN ISLAND | Film expérimental | hdv | couleur | 3:23 | Belgique | 2015
Johan Grimonprez: what i will | Film expérimental | hdv | couleur | 1:11 | USA | 2015
Lydia Moyer: The Forcing (no. 2) | Vidéo | hdv | couleur | 7:15 | USA | 2015
Séance de clôture - 19h
Séance présentée par Raymond Bellour, écrivain, critique et théoricien du cinéma.
Dans cette histoire personnelle du cinéma, inspiré de la théorie du cinéma de Deleuze, Thom Andersen construit ce film autour de l’amour et du pouvoir de séduction des films. Il se saisit, comme Deleuze, d’un vaste territoire, qui s’étend de Griffith à Godard, utilisant des images cinématographiques non pas pour expliquer, mais pour incarner les idées de Deleuze, dans toute leur ambiguïté, leur richesse et leur nuance.
Thom Andersen: The Thoughts That Once We Had | Doc. expérimental | hdv | couleur et n&b | 108:0 | USA | 2015