Eté 2016. Des personnes réfugiées campent dans le quartier Stalingrad, à Paris, dans l'attente de régulariser leur situation. Hind Meddeb suit leur combat, leurs espoirs et leurs doutes. Comment faire lieu, faire collectif, comment habiter un espace qui empêche d’exister ?
Paris, été 2016. Des personnes réfugiées campent quartier Stalingrad dans l’attente de régulariser leur situation. Contrôles, nasses, évacuations, grillages. Le film cartographie leur calvaire : points d’eau, coins d’ombres, parcs isolés. Les corps s’intègrent difficilement mais un collectif se forme. Du groupe, s’élève la voix de Souleymane, jeune exilé du Darfour dont les poèmes viennent cohabiter avec la voix off de la cinéaste. Souleymane circule, erre, se perd, ressurgit et raconte. De Stalingrad à La Chapelle, les camps sont démantelés, les corps échouent, isolés, au bord de la ville. Souleymane s’en sort, la caméra le suit, l’échappée est solitaire.
"En racontant l'histoire de Souleymane, adolescent de 18 ans, réfugié du Darfour, je retrace aussi l'histoire récente du parcours infernal des exilés dans Paris.
Torturé par les milices soudanaises, mis en esclavage par des bandes armées dans les mines d'or au Tchad et au Niger, enfermé dans les prisons libyennes, jusqu'au jour de sa traversée clandestine et de son sauvetage en Méditerranée, l'odyssée de Souleymane aura duré cinq longues années. L'écriture poétique lui donne la force de rester en vie et de surmonter les violences subies tout au long de son périple.
Grâce à un tournage au long cours, je reconstitue dans le film une géographie parisienne de l'exil. En suivant Souleymane, on découvre la vie du quartier Stalingrad, laquelle est indéniablement changée par la présence des exilés : les campements de rue, les interminables files d'attente devant les administrations, les descentes de police, mais aussi la mobilisation de certains habitants du quartier pour les soutenir. Ma caméra témoigne de la transformation d'une ville. À chaque étape de la vie de Souleymane, je mesure combien Paris se ferme aux étrangers."
Hind Meddeb
Produit par Les Films du Sillage en co-production avec Echo Films. Avec Souleymane Mohamad, Valérie Osouf, Agathe Nadimi, Lami T. Nagawo, Adam Misscall, Galaxy Mohammad et Johan Corceron.