L'effondrement actuel du vivant menace directement l'habitabilité d'une partie de la planète. Il est nécessaire de changer de paradigme pour faire primer l’environnemental et le social sur l’économique, afin de vivre dans un espace sûr et juste. En tant qu’institution culturelle, la Gaîté Lyrique porte une responsabilité artistique, sociale et écologique. Avec le projet la Fabrique de l’époque, lancé avec la Ville de Paris en 2023, la Gaîté Lyrique porte une nouvelle ambition pour les lieux culturels : devenir le premier lieu culturel régénératif.
La régénération c'est créer de la valeur sociale et écologique, retisser les liens qui se délitent, amener la biodiversité dans nos lieux, prendre soin de la vie sous toutes ses formes. Une double exigence est ainsi posée : celle de réduire les impacts négatifs d’une activité donnée à ses seuils incompressibles, et celle, concomitante, de générer des impacts positifs sur les écosystèmes naturels et les parties prenantes.
Si la régénération se développe dans de nombreux secteurs – l'agriculture, l’industrie ou la grande distribution – elle reste encore peu connue dans le secteur culturel. Il s’agit ainsi de repenser de manière profonde le rapport que nous entretenons avec le vivant sous toutes ses formes dans notre manière d’exploiter des lieux culturels. Pour ce faire, nous nous appuyons sur le concept du “Donut” de Kate Raworth, qui associe les enjeux d'intégrité environnementale et de justice sociale, les limites planétaires et les fondements sociaux pour assurer une vie humaine sûre et équitable.
La régénération a ainsi pour objectifs de :
• Remettre la vie et le vivant au cœur de chaque action et décision
• Penser notre impact en écosystème et non plus de façon individuelle
• Participer à l’équilibre entre humains et entre humains/non humains
Viser d’être un établissement régénératif impose de penser notre impact social et écologique en écosystème et non plus de façon individuelle. Comment pousse-t-on les curseurs de l’écologie et de la solidarité au sein d’une institution culturelle ? Comment réduire nos impacts négatifs aux seuils incompressibles ? Avec qui partager nos locaux ? Nos flux ? Quelle restauration des écosystèmes naturels à proximité (squares, jardins) ? Comment générer des impacts positifs pour les écosystèmes et les communautés humaines ? Comment permettre à chaque visiteur, et ils seront des centaines de milliers en 5 années, de réduire son impact environnemental ? Comment la programmation culturelle et événementielle peut-elle être le support de la sensibilisation à la décarbonation, via un concept encore difficile d’accès, comme la régénération ? Peut-on parler sobriété la journée, et accueillir l’ivresse la nuit venue ? Comment partager ces innovations d’usages ?
Voilà les questions que l’on aime se poser pour fabriquer notre époque. Pour y répondre, la Gaîté s’est organisée de manière collective à partir de trois cercles concentriques : la gouvernance, les résidents et le quartier. Cette feuille de route a ainsi l’objectif de partager notre ambition, fixer un cadre d’actions aux équipes de la Gaîté pour relire l’exploitation de notre bâtiment, sa programmation, sa gouvernance et son modèle économique au regard de la matrice Réduire, Renoncer, Régénérer.