Un essai arty et minimaliste autour de la tribu des Juggalos, les fans du groupe de hip-hop Insane Clown Posse.
dans le cadre de
f.a.m.e 2015 - film & music experience
Buffalo Juggalos
En compétition, première parisienne
de Scott Cummings (USA, 2014, 30’)
“Mon film n’est pas un documentaire. Mon film n’est pas sur les Juggalos. Il EST un Juggalo !”, explique le réalisateur de ce film arty en diable. Les Juggalos en question sont les fans de Insane Clown Posse, l’un des groupes de hip-hop les plus radicaux des Etats-Unis. Hardcore, rapcore, voire horrorcore, leur musique est le précipité grimaçant d’une Amérique en ruine, libérale et exsangue. Sombre, centrée sur des histoires d’horreur, de “Dark Carnival” et de meurtres, elle passionne et convoque une communauté dévouée : les Juggalos. Avec leurs masques de clowns, leurs couteaux et leurs tatouages, ils constituent une tribu résolument underground, qu’excite cette musique née à Detroit - symbole par excellence du déclin américain.
Le son de ICP joue sur la noirceur et l’ironie. Une tension qu’a cherché à capter Scott Cummings en cotôyant les Juggalos de la ville de Buffalo, dans l’Etat de New York. A des années-lumière d’une enquête sociologique, Buffalo Juggalos restitue par fragments le quotidien de cette tribu. Trente tableaux se succèdent ici, plus étranges les uns que les autres. Ils convoquent comme par superposition le Gummo d’Harmony Korine ou Alex DeLarge (Orange Mécanique). Courses de voiture, scènes de bagarres ou actes littéralement “idiots” : les saynettes minimalistes et frontales se succèdent, autant d’uppercuts aux bons sentiments.
Ditch Plains
En compétition, première française
de Loretta Fahrenholz (DE/FR/USA, 2013, 33’)
Au lendemain de l’ouragan Sandy, dans les rues désertes de Brooklyn, les danseurs du Ringmaster Crew se livrent à une chorégraphie nocturne hallucinée. “Flexing,” “bone breaking,” “pauzing”, “connecting”… : les mouvements s’enchaînent dans les rues désertes, des halls d’hôtels, une maison dévastée ou un appartement bourgeois, laissant affleurer un espace de “terreur, de mutations et de magie”.
Comme les avatars d’un jeu vidéo apocalyptique, Corey, Jay Donn et Marty McFly surgissent de l’obscurité, grimaçants, le visage illuminé par des néons. On avance comme dans un cauchemar. Les corps des danseurs se figent, se cassent, passent en avance rapide, se rembobinent, comme soumis à des bugs numériques, à un tremblement digital.
L’artiste Loretta Fahrenholz livre en 33 minutes une fiction dystopique, où viennent se mêler Grand Theft Auto, fusion de l’homme et de la machine, et tech-zombies.
Ditch Plains Teaser from vitakuben on Vimeo.