Rumba Forever !
Rumba Fever !
À grand renfort d’archives VHS ou Super 8 millésimées, ce film retrace avec une belle énergie la longue carrière des précurseurs de la scène grunge et des parrains de la génération slacker, Dinosaur Jr, et de leur mentor Jay Mascis, qui desserre enfin les mâchoires !
Comment restituer l’histoire de l’un des groupes de rock les plus influents de la galaxie Indie mais aussi les moins loquaces, à l’image de Jay Mascis ? Il ne fallait pas moins que son beau-frère s’y colle pour que le miracle existe ! C’est donc en puisant dans les archives familiales et aussi dans celles du groupe que le réalisateur a cousu son projet de documentaire, en privilégiant une approche chronologique. Ce récit linéaire a le mérite de ne rien occulter de ce qui constitue le lot habituel de ces groupes à guitare des années 90 : un début chaotique, des amis célèbres et reconnaissants (Henry Rollins, les membres de Sonic Youth, Frank Black), un semblant de succès, des fans enthousiastes et puis, soudainement, les tournées mondiales, la vie en van, les médias et les backstages.
C’est à cet endroit que le film “pour fans” bascule dans une autre dimension. Celle d’un film plus ou moins thérapeutique, tant les membres de Dinosaur Jr semblent dépourvus de toute amitié les uns envers les autres, ou à l’inverse, démontrent une franche hostilité (Lou Barlow en fit les frais, qui se fit frapper sur scène par Mascis, mais ne semble pas rancunier). Famille dysfonctionnelle, passionnante anomalie musicale (le groupe a la réputation d’être celui qui, au monde, joue le plus fort en concert), Dinosaur Jr a su au fil des décennies fédérer une communauté soudée. Leurs meilleurs albums gagnent à être redécouverts. La véritable question restant : verra-t-on un jour ces musiciens sourire ou éprouver le moindre plaisir à jouer ensemble ? Le suspense reste entier.