Si les technologies sont synonymes d’immédiateté, de sécurité, d’ouverture et d’évasion, elles sont aussi sources d’informations non désirées, d’appels intempestifs, de surcharge de travail, de confusion entre urgence et importance, de nouvelles addictions, de contrôles et impliquent la menace d’une surveillance et d’un contrôle accrus.
Les conduites de déconnexion, toujours ponctuelles et la plupart du temps partielles, apparaissent comme une volonté de maîtrise des technologies. La déconnexion équivaut alors à reprendre souffle et distance. Mais elle est aussi parfaitement révélatrice de la figure de l’homme hypermoderne qui ne se contente pas du sens du mouvement moderne mais l’interroge au contraire, cherchant à éviter les écueils auxquels peut conduire une connexion permanente incontrôlée.
Francis Jauréguiberry est sociologue, professeur à l’Université de Pau et directeur du laboratoire SET (Société Environnement Territoire) du CNRS. Ses recherches portent sur les nouvelles formes d’identité et de sociabilité générées par l’extension des technologies de l’information et de la communication. Il mène une réflexion sur les « non-usages » et les résistances individuelles, en terme de confort et de bénéfices, face au caractère invasif et addictif des nouvelles technologies.