Notre Monde

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Comment penser ensemble aux lendemains qui chantent ? Le film de Thomas Lacoste, entre manifeste et documentaire, transforme cette réflexion en une matière crépitante et lumineuse.

Notre Monde

Réal. : Thomas Lacoste (119', 2013)
Prod. : La bande passante
Distr. : Shellac

En présence de Thomas Lacoste.

Rassemblant plus de 35 intervenants, philosophes, sociologues, économistes, magistrats, médecins, universitaires et écrivains, Notre Monde propose un espace d’expression pour travailler, comme nous y enjoint Jean–Luc Nancy, à « une pensée commune ».
Plus encore qu’un libre espace de parole, Notre Monde s’appuie sur un ensemble foisonnant de propositions concrètes pour agir comme un rappel essentiel, individuel et collectif : « faites de la politique » et de préférence autrement.
Thomas Lacoste, initiateur de L’Autre Campagne parallèle à la campagne présidentielle de 2007, auteur des entretiens Penser critique, kit de survie éthique et politique pour situations de crise(s) (47 films, 24h, éditions Montparnasse, 2012), nous offre ici une grande respiration, comme un temps de pause, face au rythme haletant de la vie politique. 

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«  Happiness is a Warm Gun »

Programmé par Benoît Hické*, ce cycle de projections volontiers prospectif prolonge l'exposition « The Happy Show » en interrogeant le sens de la communauté : ensemble, est-ce vraiment mieux ? Comment agir ? Qu’est-ce que l’amour ? Peut-on rire de tout ?
Images mouvementées, invités animés, sourires et hypothèses, «  Happiness is a Warm Gun », ce sera trois soirées de projections (documentaires politiques, fictions inédites et films d'artistes) en présence des réalisateurs.

* Benoît Hické est journaliste et programmateur de films, notamment pour le Muséum national d'Histoire naturelle, la Gaîté lyrique (cycle musiquepointdoc, projections liées à l'exposition 2062 et F.A.M.E - Film & Music Experience) et le Musée de la chasse et de la nature. 

« L’antinomie documentaire versus fiction est toujours problématique à mes yeux, comme souvent les grilles disciplinaires. Certes, il y a un peu de tout cela : de l’intervention, du manifeste etc. Mais nous cherchons à dépasser et à subvertir ces notions et à nous déplacer sur d’autres territoires, en faisant appel à la fiction par exemple – qui est le soubassement structurant du film qui charrie les murmures fracassants de l’écriture de Marie Ndiaye et d’un de ses personnages, la bouleversante Khady Demba –, ou encore en s’appuyant sur la création sonore (avec le travail musical minutieux d’Olivier Samouillan), etc. Notre Monde est un objet cinématographique non identifié. Un film en acte. L’histoire d’une vie et de ses potentialités (politiques, affectives, esthétiques) contenues dans une phrase cinématographique qui s’adresse à toutes et tous. Une phrase-monde qui cherche à nous regarder, à dire de l’insupportable du présent, du jusqu’où et du jusqu’à quand… De l’insoutenable et du souhaitable. Cela passe par différents chapitres : l’éducation, la santé, les libertés publiques, les frontières, les médias, la culture, le travail, l’économie, les politiques internationales, les conditions de la démocratie, pour finir sur les nouveaux lieux du politique. L’écologie est malheureusement absente à cause d’un incident de tournage qui n’a pas permis à Geneviève Azam de nous retrouver pour la captation de la soirée publique (le 11 avril dernier à la Maison des métallos, ndlr). Faute de mieux, et conscient du non-lieu, je nomme ces objets cinématographiques, ciné-frontières. Ce qui ne les empêche pas de s’inscrire ou de se reconnaître – entendu que la création ex nihilo n’existe pas – dans une certaine histoire du cinéma : Vertov, Godard, Pasolini, Debord, Marker, Watkins, Kramer, Keuken ou plus récemment Des Pallières, pour citer les plus connus. Un des enjeux pour nous, avec ce film, était de donner corps à la pensée (avec l’aide de notre chef op, la chevronnée Irina Lubtchansky), de filmer des voix et des corps qui pensent, en plaçant le spectateur -actif au plus près de celui qui parle. Dans ce rapprochement, nous cherchions à créer une inquiétante douceur, une proximité charnelle, un rapport direct et sans médiation à la recherche d’une expérience politique exigeante et collective. Notre Monde tente de faire survenir une conversation rapprochée (de celles qui nous manquent tant aujourd’hui…), de repenser radicalement ce que pourrait être la transmission, celle qui met en cause nos représentations et qui arriverait, enfin, à nous déplacer. »