Présenté dans le cadre de F.A.M.E, festival cinéma & pop culture de la Gaîté lyrique.
We Chose The Milky Way
Réal.: Eva Marie Rødbro (Danemark - 2015 - 26’ - VOSTA)
Première française en compétition
Faux ongles, séances d’UV intensives, smartphones à paillettes et limousines de location, We Chose The Milky Way nous entraîne dans la vie d’un groupe de jeunes filles de la banlieue de Copenhague, entre clip blingbling et version documentaire et nordique du Spring Breakers d’Harmony Korine. On attend la fête, on se prépare pour la fête, mais elle n’arrive jamais vraiment. Eva Marie Rødbro nous propulse dans un monde nacré et glossy comme les pages d’un magazine, mais habité par des cauchemars, des insomnies, des forces nocturnes. Instagram en miroir permanent, quelque chose se glisse derrière ces selfies répétés, ces discussions sans fin et sans fond, et nous entraîne dans un univers parallèle, qui pourrait bien ressembler à un enfer rose bonbon. Sous ses faux airs de science fiction, une visite anthropologique dans une étrange tribu de jeunes filles sur la planète Terre. Mais au-delà du clinquant et de la superficialité érigés en principe existentiel, quelque chose de fragile se dégage de ces jeunes femmes, qu’Eva Marie Rødbro saisit avec délicatesse dans ce superbe film de fin d’études. Une forme de Girl Power déluré, où l’amitié semble la seule valeur réelle, dans ce monde étouffant d’artifices.
Fanfreluches et idées noires
Réal.: Alexis Langlois (France - 2015 - 28’)
Première mondiale en présence du réalisateur en compétition
“After party” dans un appartement qui se transforme en orgie douce – drag queens, travestis, garçons, filles, perruques, bijoux en tocs et colifichets – baisers sensuels qui défont le maquillage, caresses, tendresse, tristesse … On s’enlasse et on danse sur Dalida, on tire les rideaux pour ne pas voir le jour, on fait l’amour, on se drogue, on s’endort devant un film projeté sur grand écran … La fête s’étire et semble ne pas vouloir prendre fin, elle tisse un cocon autour de ses protagonistes. Les conversations se mêlent, se perdent dans la musique, on les saisit par bribes. La sexualité crue se mêle aux rêves enfantins, la transe joyeuse à l’hébétude, les fanfreluches aux idées noires. Dans le temps suspendu, plus de jour, plus de nuit, la frénésie de mouvement se fige en tableaux vivants, radeau de la méduse à la dérive.
Alexis Langlois (Je vous réserve tous mes baisers , FAME 2015) continue à développer son univers avec force – pop, paillettes, sexuel et rassemble autour de lui toute une famille flamboyante. On pense à Jack Smith, à une réactivation contemporaine du Ron Rice de Chumlum . Si toute fête est une mascarade, un bal de fauxsemblants et d’artifices, où chacun devient créature, entre ce qu’il se rêve être et ce qu’il est vraiment, alors Fanfreluches et Idées Noires nous attire au coeur de ce tourbillon sensuel.
Roxette
Réal.: John McManus (GB - 1977 - 16’ - VOSTF)
Première française
Tourné en 1977 par des étudiants en art de Manchester, Roxette suit des fans de Roxy Music qui se préparent pour un concert de Brian Ferry. À travers l’imaginaire rétrofuturiste du groupe, des rêves de cocktails party sortis des films de l’âge d’or de Hollywood, Greta Garbo en smoking blanc et fume-cigarettes, se mêlent aux comic books, aux téléviseurs et aux néons des 80’s qui approchent. Désir glamour qui contraste avec les cheminées d’usine, et le cadre industriel et souvent sinistre de Manchester. Dans une série de vignettes pop et arty, au chic naïf et plein de charme, Roxette est une plongée dans le Zeitgeist, l’esprit du temps si particulier de l’époque. Un film rarissime et un petit bijou de pop-art, qui dormait jusqu’à il y a peu dans les archives de l’Université de Manchester.
