Comment les algorithmes apprennent-ils à nous reconnaître ? Nous devenons "détecteur de visage" le temps d'une conférence-performance, suivie d'une table ronde sur les risques liés au déploiement des technologies de reconnaissance faciale dans l'espace public.
Conférence-performance de Nicolas Malevé
Les plateformes numériques d’aujourd’hui s’appuient de plus en plus sur les algorithmes de vision par ordinateur pour classer, filtrer, étiqueter, censurer, augmenter et organiser leur contenu visuel. Afin d’ "entraîner" ces algorithmes, une importante population de travailleur·euse·s précaires, recruté·e·s sur des plateformes de crowdsourcing, annote des milliards d’images pour décrire leur contenu aux machines. Dans cette économie du regard, une certaine manière de voir est privilégiée : le coup d’œil, les annotateur·rice·s travaillant à un rythme qui leur permet à peine de voir les images.
L'artiste et chercheur Nicolas Malevé propose de re-performer avec nous une expérience menée par Fei Fei Li, directrice du laboratoire d'intelligence artificielle de Stanford, qui étudie la description de sujets exposés à un stimulus visuel pendant moins d'une demi-seconde. Dans le cadre de cette soirée, les stimuli visuels utilisés pour l'expérience sont issus des bases de données d'entraînement pour la reconnaissance faciale. Le temps d'une expérience, nous sommes des "détecteurs de visages, en un coup d’œil". L'occasion de nous interroger sur les relations entre l'économie, la rétine et la micro-temporalité, et le champ visuel que ce régime micro-temporel établit.
Discussion avec Imane Bello, avocate, Martin Drago, juriste, et Pierre Piazza, chercheur et commissaire d’exposition
La conférence-performance est suivie d'une discussion qui se penche sur l'histoire de l'identification des individus, de l'encartement à la biométrie et sur les enjeux éthiques et sociétaux, liés au déploiement des technologies de reconnaissance faciale particulièrement intrusives.
Invité·e·s
- Nicolas Malevé : artiste visuel, programmeur et chercheur, il prépare une thèse sur les algorithmes de vision à la London South Bank University en collaboration avec The Photographers' Gallery.
- Imane Bello : avocate, chercheuse sur les droits humains et l'intelligence artificielle, elle enseigne "Éthique et politiques de l'I.A.", à Sciences Po Paris.
- Pierre Piazza : maître de conférence en Sciences Politiques à l’Université de Cergy-Pontoise, commissaire de l’exposition La science à la poursuite du crime : d’Alphonse Bertillon aux experts d'aujourd'hui.
- Martin Drago : juriste à la Quadrature du net, à l’origine de la plateforme de veille technopolice.fr, qui documente le déploiement de la vidéosurveillance dite "intelligente".
Cette rencontre fait partie du cycle de performances et de conférences transdisciplinaires "Et bien, dansez maintenant !", conçu en collaboration avec les artistes Julien Prévieux et Jeff Guess.
