Par ses promesses non tenues, la technologie a contracté une dette morale envers l’humain. La récente mise en lumière des responsabilités éthiques des développeurs d’IA permettra-t-elle enfin d’utiliser les technologies émergentes pour tenir les promesses d’un monde plus humain ?
L’avenir plus humain promis par les apôtres de la technologie, un avenir de loisirs et d’égalité, d’esprits plus éclairés et d’environnements plus sains, a été indéfiniment retardé. C’est même une « dette morale » croissante qui a été contractée alors que les coûts environnementaux et sociaux de l’industrialisation et de l’informatisation continuent de s'accumuler, tandis que les avantages compensatoires sont de plus en plus inégalement distribués. Les technologies informatiques sont utilisées pour combler ou masquer les lacunes éthiques de nos institutions plutôt que pour concevoir des systèmes sociaux plus éthiques. Allons-nous laisser l’IA ajouter à cette dette de plus en plus insoutenable ? La récente mise en lumière des responsabilités éthiques de ses développeurs permettra-t-elle d’utiliser enfin les technologies émergentes pour tenir la promesse d’un monde plus humain ?
Intervenants :
- Shannon Vallor est philosophe et titulaire de la chaire Baillie Gifford sur l’éthique des données et de l’IA à l’Edinburgh Futures Institute. Ses recherches explorent l’impact de l'automatisation et de l’intelligence artificielle sur le caractère et les pratiques humaines. En 2015, elle a reçu le World Technology Award in Ethics. Elle est l’auteure de Technology and the Virtues: A Philosophical Guide to a Future Worth Wanting (Oxford University Press, 2016) ainsi que de nombreux articles sur l’éthique de l’IA.
- Sam Lavigne observe la surveillance, perturbe le traitement automatique du langage naturel ainsi que les processus d’automatisation et joue avec la notion d’information publique. Il est artiste et professeur à l’université d’Austin. Il a enseigné à NYU, the New School, à la School for Poetic Computation, et a été lauréat d’une bourse du Brown Institute for Media Innovation de l’Université de Columbia aux côtés de l’équipe de The Dark Inquiry en 2017-2018. Il a également contribué à de nombreux logiciels open source
- Antonio Casilli est professeur de sociologie à Telecom Paris et chercheur à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation au CNRS.