Étudier les cultures du numérique : Le côté obscur du futur du travail

En collaboration avec Antonio Casilli

Étudier les cultures du numérique : Le côté obscur du futur du travail
Captation du mouvement des doigts au clavier pendant l'exécution d'une tâche sur le Mechanical Turk, la plateforme d'Amazon, RYBN.

L’automatisation croissante de la production semblait la promesse de l’avènement d’une ère post-travail, mais le travail, loin de disparaître, est en train de coloniser tous les aspects de notre vie. Ces deux rencontres, en collaboration avec Antonio Casilli de l'EHESS, questionnent les mutations du travail à l’ère du numérique.

To make machines look intelligent, it was necessary that the sources of their power, the labour force which surrounded and ran them, be rendered invisible. Simon Schaffer, “Babbage’s Intelligence”

L’explosion de la société de l’information avec l’usage grandissant du smartphone et des réseaux sociaux a provoqué une forte croissance de ce qui est parfois nommé "travail périphérique", le travail quotidien fragmenté, ininterrompu et impayé que nous faisons pour nous-même (écrire des mails, poster des images, liker, commenter, façonner son identité numérique sur de multiples plateformes) et de plus en plus pour les compagnies qui tirent profit de nos interactions en ligne et de nos données.

S’y ajoute l’activité d’autres travailleur·euse·s invisibles qui accompagnent et irriguent nos usages numériques. Ce sont les modérateur·rice·s qui filtrent les contenus des plateformes sociales et s’occupent de radier les images et propos violents afin de nous préserver du cauchemar des interactions sociales. Ou les personnes qui, en bas de chez vous ou à l’autre bout du monde, nourrissent le fantasme commercial de l’intelligence artificielle, en étiquetant des photos pour « enseigner » aux machines la reconnaissance d’images ou en transcrivant des bouts de phrases pour calibrer les chatbots. À l’heure des solutions intelligentes, de nouveaux métiers font surface, entre aspirations à être « le patron de soi-même » et réalité des plateformes qui imposent des activités non régulées, sous-payées, précarisées.

Antonio A. Casilli

Antonio A. Casilli est sociologue, enseignant-chercheur à Télécom Paris et chercheur associé au LACI-IIAC de l’EHESS. Il a notamment publié En attendant le robots, enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019), Les Liaisons numériques (Seuil, 2010) et, avec Dominique Cardon, Qu’est-ce que le digital labor ? (INA, 2015).

Programme

Dans le cadre du séminaire "Étudier les cultures du numérique" animé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales par Antonio Casilli, professeur à Telecom Paris, la Gaîté Lyrique accueille quatre rencontres publiques autour de la question des mutations du travail à l’ère du numérique. Chaque séance est l’occasion d’un dialogue entre des chercheur·euse·s et des artistes de renom international.

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